Crise du gaz : L’Algérie, une alternative énergétique pour l’Europe

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ALG Gaz

/En plain hiver, alors que le marché mondial était très tendu du fait de la reprise économique, la crise ukrainienne est venue aggraver la situation en rappelant aux Européens qu’ils étaient dépendants de leur ennemi politique numéro 1, la Russie.

Depuis plusieurs jours, pas un seul plateau télé, pas un seul journal européen n’élude le sujet. Au contraire, la question de la sécurité énergétique est sans doute, après la sécurité alimentaire, la principale source de préoccupation de l’ensemble des dirigeants de la planète. D’où l’appel conjoint du président des États-Unis, Joe Biden, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui ont appelé tous les principaux pays producteurs d’énergie à les rejoindre pour fournir à l’Europe des volumes supplémentaires de gaz naturel. La rédaction de la RTBF écrit que Mme Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen, Charles Michel, ont tous deux contacté ces dernières heures l’émir du Qatar, Tamim bin Hamad al Thani. Mais également, ils annoncent que les dirigeants européens auraient décidé de prendre attache avec l’Algérie, l’Egypte et certains pays d’Asie, notamment l’Azerbaïdjan.

L’Algérie priorise ses partenaires historiques

A court terme, l’Algérie va voler à la rescousse de ses clients traditionnels, à savoir l’Italie, l’Espagne, le Portugal et à un degré moindre la Slovénie et la France. L’ambassadeur d’Algérie à Rome vient d’annoncer que les quantités de gaz algérien durant le premier mois de l’année 2022 ont été portés à 1,5 milliard de m3 décrochant la place de 1er fournisseur de l’Italie, devançant la Russie avec 1,2 milliard de m3. De son côté, l’Espagne est désormais rassurée. Très inquiète dans un premier temps après la fermeture du GME, à travers son ministre des AE, elle a fini par admettre que son partenaire algérien a réussi à couvrir l’ensemble de la demande contractuelle. Le reste des pays européens seront sans doute alimentés dans l’urgence par GNL. Le journal suisse Le Matin cite un expert qui explique qu’«en matière de volumes de GNL, les trois mastodontes aujourd’hui sont le Qatar, l’Australie et les États-Unis». «Donc c’est majoritairement ces trois pays qui auraient de la flexibilité pour produire plus, ou rediriger vers l’Europe des volumes traditionnellement dirigés vers d’autres marchés» explique-t-il.

Ceci étant, les dirigeants de l’Europe envisagent de recourir également à une alimentation rapide par gazoduc, même si le scepticisme affiché par certains experts comme Thierry Bros, professeur à Sciences Po Paris et spécialiste de la question, estime que «des gazoducs viennent de la Norvège, de l’Algérie, de l’Azerbaïdjan, mais ces pays n’ont pas de capacité de production supplémentaire».

Se placer à moyen terme

D’un avis contraire, un haut fonctionnaire européen, cité par la RTBF, estime que «les gazoducs européens pourraient permettre une réaction rapide pour approvisionner les 20 États membres qui achètent du gaz russe», tout en précisant que si «des flux devaient à l’avenir alimenter le marché, ils devraient provenir  davantage de l’Ouest que de l’Est». Cette source désigne clairement l’Espagne comme plaque tournante importante du futur gazier européen. Les stocks de gaz des pays de l’UE, dont les plus grandes capacités se trouvent dans la péninsule ibérique, sont actuellement de 40%, alors qu’ils représentaient 53% de leurs niveaux il y a tout juste un an. Même si le communiqué co-signé par Ursula von der Leyen et Joe Biden annonce que «les défis actuels pour la sécurité européenne mettent en évidence la nécessité d’accélérer la transition des combustibles fossiles vers l’énergie propre», il n’en demeure pas moins qu’en attendant, et ce pour au moins une décennie, l’Europe sera à la recherche de partenaires sûrs, fiables et fidèles. C’est là que l’Algérie a un rôle à jouer.

C. S.