Par Zine Haddadi
Les entreprises françaises expriment de nouveau leurs vives inquiétudes après le regain de tension dans les relations diplomatiques entre Paris et Alger et appellent à préserver les échanges économiques des tensions politiques.
Dans un communiqué signé jeudi par son président Michel Bisac, la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF) a regretté «le regain de tension qui a malheureusement affecté la collaboration économique et plus spécifiquement l’investissement et le développement d’entreprises françaises de renom en Algérie».
La CCIAF, qui regroupe dans son réseau de nombreuses entreprises françaises implantées en Algérie, déplore «fortement cette escalade relevant de la politique politicienne».
L’escalade qui, comme le rappelle la CCIAF, intervient après le dialogue «constructif» entre les présidents Tebboune et Macron et qui a été suivie par une visite du chef de la diplomatie française, Jean Noël Barrot.
La Chambre de commerce et d’industrie algéro-française appelle à préserver les relations économiques et que ces dernières ne soient pas prises en otage des turbulences politiques et diplomatiques entre les deux pays.
L’organisme présidé par Michel Bisac plaide pour l’union des efforts des acteurs économiques des deux pays pour la réalisation d’investissements à même de créer de la valeur ajoutée, qui soient en phase avec les intérêts respectifs tout en insistant qu’ils restent «à l’écart des tensions politiques actuelles».
La CCIAF soutient l’engagement du CREA
La Chambre de commerce et d’industrie algéro-française a indiqué dans son communiqué s’associer à «l’engagement qu’a réaffirmé le Conseil du renouveau économique algérien (CREA) en faveur de partenariats internationaux équilibrés et mutuellement respectueux».
Une position symboliquement assez forte quand on sait que le CREA a annoncé ces derniers jours l’annulation de sa rencontre avec le Medef prévue le printemps prochain en France.
Pour la CCIAF, le regain de tension dans les relations algéro-françaises causé par l’arrestation d’un agent consulaire algérien par les autorités françaises ne doit pas être une fatalité. Malgré les tensions actuelles entre Paris et Alger qui se sont échangés les mesures de rétorsions diplomatiques la semaine écoulée, les relations économiques, elles, doivent être préservées et se poursuivre dans l’intérêt des deux pays, estime la CCIAF.
C’est dans cette optique qu’elle appelle «l’ensemble des acteurs économiques, les entreprises françaises, les entreprises algériennes ainsi que les entreprises de la diaspora à s’inscrire dans la démarche initiée par les deux Présidents afin de préserver le lien économique et à le prémunir des conséquences de dégradations relationnelles».
Réaffirmant son «son engagement et sa disponibilité à œuvrer dans l’intérêt des entreprises des deux pays dans le cadre de ses missions», la CCIAF a invité les entreprises françaises ayant des relations commerciales en Algérie impactées par la dégradation des relations diplomatiques entre les deux pays à «se manifester auprès de ses services pour réaffirmer leur volonté de pérenniser leurs partenariats».
La CCIAF a tenu à rappeler que la préservation de ces partenariats a «également vocation à maintenir des emplois stables en France».
Ce n’est pas la première fois que la CCIAF monte au créneau pour appeler à la préservation des relations économiques algéro-françaises des turbulences diplomatiques. Mercredi dernier, Michel Bisac, président de la CCIAF, s’est dit «catastrophé» par le coup d’arrêt brutal de la relance des relations diplomatiques entre Paris et Alger dans une déclaration qu’il nous a faite.
«Autant j’étais soulagé par la reprise, autant je suis aujourd’hui catastrophé par la tournure qu’ont prise les choses. C’est dramatique pour nous tous. C’est dramatique pour les chefs d’entreprise français, et c’est dramatique pour les chefs d’entreprise algériens», avait alors déclaré Michel Bisac à «L’Algérie Aujourd’hui».
Le président de la CCIAF avait même soupçonné des parties malintentionnées d’être derrière les dernières turbulences diplomatiques entre l’Algérie et la France suite à l’enchaînement d’événements ayant conduit au retour des tensions juste après la visite de Jean Noël Barrot en Algérie.
«Il est difficile d’y voir une simple coïncidence. Lorsqu’une affaire judiciaire en suspens depuis des mois ressurgit brusquement, avec une arrestation spectaculaire… j’ai du mal à croire au hasard», avait pointé Michel Bisac.