PAR DJILALI B
L’Algérie a appelé la Cour pénale internationale (CPI) à délivrer des mandats d’arrêt contre les criminels de guerre israéliens, tout en procédant aux poursuites et à assumer pleinement ses missions. C’était la conclusion de l’intervention du représentant permanent de l’Algérie à l’ONU, Amar Bendjama, au cours d’un briefing semestriel du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, consacré à la Libye. Et M. Bendjama d’insister que «les atrocités incessantes et la souffrance à grande échelle en Palestine, notamment dans la bande de Ghaza et dans la région toute entière, nécessitent, au minimum, des interventions globales et immédiates». Toute détermination de la CPI à faire face à ces violations constituera, selon lui, «un véritable témoignage de sa crédibilité».
Au tout début de son intervention, le diplomate algérien a défendu la souveraineté de la Libye tout en appelant à soutenir son appareil judiciaire et son indépendance, exhortant la Cour pénale internationale à être complémentaire de la justice libyenne et non le contraire.
Il a tenu à souligner que la CPI doit s’assurer que ses interventions et démarches ne risquent pas «d’exacerber ou de raviver les divisions et les tensions en Libye», affirmant son engagement de neutralité et de justice. Et d’ajouter : «Ses dispositions (de la CPI) doivent s’appuyer sur une analyse minutieuse des preuves et non pas sur des diktats, résultats de pressions et d’agendas politiques».
Le contraire qui avait commencé avec la grave erreur du Conseil de sécurité en 2011 jusqu’à la condamnation de membres de l’ancien régime par cette CPI sous la pression des alliés et de l’OTAN alors qu’aucune enquête sérieuse n’a été menée. Il y eut beaucoup de dérapages, surtout que la CPI s’est substituée à la justice libyenne issue d’un gouvernement installé par l’Occident après l’élimination de Kadhafi. Plus récemment encore, cette même Cour a émis des mandats d’arrêt contre six individus accusés, selon des témoignages locaux, d’avoir commis le massacre de Terhouna. Pourtant, les titulaires à ce macabre palmarès ne manquent pas, de Benghazi à Tripoli en passant par Misrata. Sous l’influence et des pressions politiques, la CPI n’a pas trouvé de motif pour ouvrir des instructions ou des enquêtes.
Une dette à honorer
Entre autres raisons pour laquelle Amar Bendjama a indiqué que la communauté internationale avait une responsabilité collective et une grande dette à honorer envers le peuple libyen, soulignant que «le bilan désastreux pour les populations et les institutions en Libye exige notre attention immédiate». D’autant plus que la partialité de la justice va aggraver davantage les tensions et les divisions entre les différents camps et acteurs libyens. D’autant plus également qu’il est nécessaire que la communauté internationale continue de soutenir la souveraineté de la Libye et l’intégrité de son territoire. Et M. Bendjama de réitérer «l’engagement indéfectible (de l’Algérie) en faveur de tous les efforts visant à instaurer la paix, la stabilité et la réconciliation dans ce pays».
Evoquant, par ailleurs, la position de l’Algérie vis-à-vis de la crise libyenne, l’intervenant a souligné qu’«elle reposait sur trois principes consistant en la sacralité de la justice, la souveraineté de la Libye et la nécessité de la stabilité régionale». Il a rappelé aussi la vive condamnation par l’Algérie de tous les actes de violence, quels qu’en soient les auteurs ou les victimes.
Revenant au rôle de la CPI, M. Bendjama a estimé qu’il est impératif pour la CPI de se conformer «strictement» au principe de «complémentarité», de manière à préserver son indépendance et son impartialité, tout en respectant la souveraineté judiciaire de la Libye, précisant que «la CPI doit compléter le travail des autorités judiciaires libyennes et ne pas être une alternative».
Il a affirmé encore «qu’asseoir un pouvoir judiciaire fort et indépendant est une condition sine qua non pour une stabilité de longue durée et une justice en Libye». A condition, cependant : «la communauté internationale doit apporter l’appui avec des objectifs précis pour renforcer les compétences judiciaires nationales en Libye». Et de souligner que «l’indépendance des autorités judiciaires en Libye permettra de garantir l’instauration d’un système judiciaire, un système de justice plus efficace, de nature à consolider la confiance générale et partant la primauté de la loi».