PAR NABIL M.
Avec des investissements accrus dans le secteur agricole, l’Algérie se prépare à renforcer sa présence sur les marchés internationaux, tout en assurant l’autosuffisance au niveau local.
Lors du Salon national des fruits et légumes, qui a ouvert ses portes jeudi au palais des Expositions à Alger, les ministres de l’Agriculture, Youcef Cherfa, et du Commerce, Tayeb Zitouni, ont souligné l’importance croissante du secteur agricole dans l’économie algérienne, en insistant sur son potentiel à s’imposer sur la scène internationale. Cette rencontre a mis en lumière non seulement la dynamique de production nationale, mais également les perspectives d’exportation qui se dessinent pour l’Algérie.
La stratégie de l’Etat est claire : la diversification des exportations doit passer par la valorisation des produits agricoles. A cet égard, les Foires et Salons comme celui-ci jouent un rôle crucial dans la promotion des produits algériens sur le marché international, selon le ministre de l’Agriculture. «Ce Salon a pour objectif de jeter les ponts de communication entre les opérateurs économiques afin d’exporter le produit local vers l’étranger», a déclaré Youcef Cherfa, ajoutant que l’événement permet aussi de mettre en lumière l’excédent de production dans certains secteurs, comme celui des fruits.
Après avoir mis en exergue l’importance du secteur en Algérie, M. Cherfa a précisé que ce Salon qui connaît la participation de plus de 160 exposants, se veut «une campagne de promotion des produits agricoles nationaux exportables et de qualité». S’agissant des quantités de production agricole, M. Cherfa a fait état d’un excédent dans certains produits, notamment les fruits, d’où la nécessité d’intensifier les efforts de régulation à travers l’augmentation des capacités de stockage pour répondre à la demande nationale le cas échéant, et de se tourner vers l’exportation en cas d’excédent important d’un produit.
Ouverture de 7 marchés spécialisés
Lors de cette visite, accompagné de membres du corps diplomatique et de plusieurs responsables, Tayeb Zitouni a insisté, pour sa part, sur la qualité des produits agricoles algériens, affirmant que ces derniers disposent de toutes les conditions requises pour être compétitifs sur les marchés internationaux. Selon lui, les fruits, les légumes, ainsi que des produits phares comme les dattes, ont acquis une renommée à l’international grâce à leur qualité. «Nous avons vu en présence du corps diplomatique la compétitivité de nos produits, qui peuvent être exportés en toute confiance par les producteurs ou les exportateurs», a-t-il souligné.
Le potentiel est immense, comme l’a rappelé le ministre du Commerce : «La valeur ajoutée que réalise l’agriculture est très importante. C’est un secteur qui est à la tête des recettes de l’Etat et de la dynamique économique du pays», a-t-il affirmé.
Cependant, au-delà de la qualité, la clé du succès réside dans la capacité à organiser les marchés et à structurer les circuits d’exportation. Le ministre du Commerce a annoncé la création de sept marchés spécialisés dans cinq wilayas différentes pour des produits tels que le raisin, la datte, l’ail et les pommes. Un effort destiné à favoriser l’exportation en exploitant les excédents de production.
Le ministre n’a pas manqué d’aborder par la même occasion le succès qu’ont connu certains produits sur les marchés étrangers. «Je tiens à remercier notre communauté algérienne à l’étranger qui a su défendre nos produits en dehors de nos frontières», a-t-il déclaré, ajoutant : «Vous avez remarqué que nos produits ont connu une forte promotion sur les réseaux sociaux de la part de nos ‘‘combattants’’, et aujourd’hui nous sommes ici pour continuer ce combat avec eux pour défendre nos produits contre toutes les difficultés, qu’elles soient volontaires ou naturelles».
L’obligation de renforcer la logistique et la chaîne de froid
Si l’Algérie a réussi à obtenir une autosuffisance en fruits et légumes, l’exportation à grande échelle reste encore limitée. Selon l’expert en commerce international et vice-président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Naceri, «le plus gros volume dans les exportations de produits agricoles de l’Algérie se fait autour des dattes, avec une quantité qui varie entre 80 et 85 000 tonnes par an, ainsi que le caroubier, pour un équivalant en valeur de 40 millions de dollars, ce qui fait un revenu global de 140 millions de dollars».
Pour l’expert, qui s’est exprimé face à la presse lors de ce même Salon, pour les autres produits, notamment les légumes, «leur exportation est faible», car, selon lui, l’offre est consacrée au marché national. Cependant, il a fait remarquer qu’actuellement «nous avons des produits maraîchers qui commencent à émerger de façon importante et on peut leur trouver des débouchés à l’international», soulignant qu’il faut mettre en place une chaîne logistique pour encourager ce commerce.
Selon Ali Bey Naceri, les autorités du pays doivent se concentrer sur une exportation de produits agricoles qui favorise l’intérêt de l’économie nationale. «Nous devons exporter des produits à forte valeur ajoutée et très peu consommateurs d’eau, en utilisant les atouts de l’Algérie qui sont la précocité, la primeur et l’arrière-saison», a-t-il estimé.
Pour le vice-président de l’Anexal, le potentiel d’exportation de ces produits existe, il faut mettre en place «les conditions logistiques et le respect de la chaîne de froid pour accéder aux marché étrangers et notamment vers l’Europe qui importe pour 60 milliards de dollars de ces produits», ajoutant que «puisque nous avons un marché là-bas, il faut le mobiliser».