Par M. Mansour
L’Algérie amorce officiellement les préparatifs en vue du déploiement de la 5G. L’annonce a été faite hier par le ministre de la Poste et des Télécommunications, M. Sid Ali Zerrouki, lors de la clôture de la conférence Connected Algeria 2025. Au-delà d’un simple progrès technologique symbolisé par des débits ultra-rapides, quel impact concret et positif peut-on réellement attendre du déploiement de ce réseau mobile de 5e génération ?
«Dans le volet des infrastructures de télécommunications et conformément aux orientations du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, j’annonce officiellement le début des préparatifs pour le déploiement de la 5G en Algérie», a déclaré le ministre. Bien qu’encore au stade de l’étude, ce lancement intervient dans un contexte de forte mobilisation politique. Le Conseil des ministres tenu la veille avait déjà évoqué la question. Le président Tebboune a insisté sur une approche méthodique en parlant d’«un approfondissement global des études» qui est exigé, afin de garantir une opération «intégrée et efficace», qui tienne compte à la fois des réalités technologiques et des impératifs économiques.
Un enjeu économique et social
L’enjeu dépasse de ce fait le simple progrès technique. Il s’agit, selon les mots du chef de l’Etat, de produire «des effets positifs sur le développement et l’accompagnement du secteur économique national», tout en offrant «les meilleurs services technologiques aux citoyens».
Sur le papier, les promesses de la 5G sont nombreuses. Plus rapide, plus stable, capable de connecter des millions d’objets simultanément, cette technologie a déjà montré son potentiel dans plusieurs pays émergents. En Inde, elle a permis la naissance d’un tissu de start-up dynamiques dans les secteurs de l’intelligence artificielle, de la santé connectée ou encore du commerce numérique. Au Kenya, elle a ouvert la voie à des solutions de télémédecine dans les régions rurales, réduisant les écarts entre les grandes villes et les zones isolées.
Une opportunité pour transformer les secteurs stratégiques
En Algérie, le déploiement de la 5G pourrait jouer un rôle déterminant dans la modernisation du tissu économique. Dans les secteurs industriels stratégiques comme les hydrocarbures, le BTP ou les transports, la connectivité en temps réel faciliterait la maintenance prédictive, l’automatisation et une meilleure gestion des flux. Des ports comme ceux de Skikda ou Oran pourraient basculer vers une logistique intelligente, plus efficace et plus sécurisée. Autant de leviers pour gagner en compétitivité et attirer davantage de partenaires internationaux.
Mais les impacts attendus ne se limitent pas à l’économie lourde. Le service public, lui aussi, pourrait franchir un cap. Grâce à une latence très faible, la 5G rend possible la généralisation des téléconsultations, l’interconnexion des hôpitaux, et l’émergence d’une médecine connectée. L’école, elle aussi, pourrait se réinventer grâce aux cours interactifs, à l’accès instantané aux ressources éducatives, au soutien aux étudiants des Hauts-Plateaux comme à ceux du littoral. Si la couverture est pensée de manière équitable et à des tarifs abordables pour tous, cela pourrait réduire certaines fractures numériques qui persistent depuis trop longtemps.
Un levier pour la jeunesse entrepreneuriale
Le potentiel est également immense pour la jeunesse entrepreneuriale. Des développeurs jusque-là bridés par la qualité du réseau pourraient créer des applications complexes, compétitives. Des start-up dans l’IA, la fintech ou les jeux en ligne pourraient enfin voir le jour. Une chance inédite de valoriser les talents locaux.
A l’échelle des grandes villes, comme Alger ou Constantine, la saturation de la 4G devient un frein au développement numérique. La 5G, si elle est bien déployée, offrirait une stabilité accrue aux travailleurs à distance, aux étudiants connectés et aux administrations. C’est un saut qualitatif dans le quotidien numérique des citoyens, et une réponse concrète à leurs frustrations actuelles.
Mais attention, car une technologie, aussi puissante soit-elle ne transforme pas un pays à elle seule. Les pouvoirs publics semblent en avoir conscience, dans la mesure où la démarche a été pensée pour être progressive, coordonnée, soucieuse d’éviter toute précipitation. Car mal intégrée, la 5G pourrait creuser les écarts entre régions, devenir une vitrine sans contenu, ou échouer faute de personnel formé. Sans ingénieurs, sans techniciens, sans culture numérique solide, le risque est grand de passer à côté de l’impact structurel attendu.
