Dégradation du service public en Algérie : La part de l’incivisme et du laisser-aller

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Dégradation du service public en Algérie : La part de l’incivisme et du laisser-aller

Par R. Akli

L’histoire se déroule à Saïda. Sorti en visite d’inspection à l’hôpital, le wali s’enquiert de l’état du scanner. On lui répond qu’il est en panne. Il demande alors à ses vis-à-vis de le brancher quand même pour voir ce qui cloche.

Et là, comme par magie, l’appareil fonctionne. Confus, ses interlocuteurs finissent par lui dire qu’il a finalement été réparé tout récemment.

Cette histoire donc a eu, cette fois, pour théâtre l’hôpital de Saïda. Mais elle a été aussi vécue ailleurs et renseigne sur la qualité du service public en Algérie qui laisse pour le moins beaucoup à désirer, en dépit des budgets colossaux consentis annuellement par la collectivité nationale pour en assurer la continuité et le bon fonctionnement.

Qu’il s’agisse des services administratifs, des transports en commun, de la poste, des établissements bancaires, ou encore des écoles et des hôpitaux ; la qualité d’accueil et de prise en charge réservée aux citoyens est souvent très problématique, voire des plus médiocres.

Les citoyens, qui, faut-il le rappeler, sont également des contribuables dont les contributions en impôts et taxes servent pourtant à participer au financement de ces services publics, se retrouvent souvent négligés, livrés à eux-mêmes et privés de prestations les plus élémentaires auxquelles ils sont pourtant censés accéder de plein droit et sans la moindre contrainte.

Dans les établissements sanitaires, comme presque dans tous les organismes où un service public est censé être assuré en continuité, l’incivisme et l’incurie sont devenus, pour ainsi dire, monnaie courante.

Pourtant, s’il est vrai que des contraintes objectives, liées parfois au manque de moyens et de ressources financières, participent effectivement à entraver le bon fonctionnement des services publics, il n’est pas moins vrai que ces derniers sont souvent rendus inopérants, voire rebutants, du fait surtout du laisser-aller et de comportements répréhensibles auxquels s’adonnent parfois certains fonctionnaires.

Le cas du scanner de l’hôpital de Saïda, à l’ouest du pays, censé être en panne et qui s’avère finalement être en parfait état de fonctionnement quand le wali est venu s’en enquérir en personne sur place, en dit long sur certaines pratiques malheureusement très répandues au sein d’organismes et d’établissements publics à travers l’ensemble du territoire national.

Des patients qui pour des motifs douteux se voient parfois déboutés d’hôpitaux publics et orientés vers des établissements privés payants ; des citoyens priés, voire sommés d’attendre ou de revenir un autre jour pour un banal service administratif ; des fonctionnaires qui imposent leur bon vouloir aux administrés… Autant de pratiques et de comportements néfastes en somme, et qui se répandent depuis des années au sein de différentes structures publiques, dont la vocation et le rôle sont pourtant d’assurer une bonne prise en charge des citoyens.

Un mal qui continue ainsi à ruiner la qualité du service public en Algérie et que seul un suivi et un contrôle plus rigoureux et plus sévère de l’autorité publique pourraient aider à atténuer.

En attendant, peut-être, des remèdes plus radicaux, telle que la nécessaire instauration d’un système éducatif national où l’enseignement moral et civique aura toute sa place, comme cela est le cas dans les pays développés.