Par S. Ould Ali
Lors de l’inauguration de la station de dessalement d’eau de mer de Cap Djinet 2 à Boumerdès, le président de la République a déclaré que l’Algérie avait établi les bases d’une «école de réalisation des grands projets», du moins en matière de dessalement de l’eau de mer. Après les stations de Cap Blanc à Oran, Fouka 2 à Tipasa et Koudiet Eddraouche à El Tarf, Abdelmadjid Tebboune a, en effet, mis en service quatre usines entièrement algériennes en un temps record en l’espace de trois semaines.
Cap Djinet 2 s’étend sur une superficie de 18 hectares avec une capacité de production de 300 000 m3/jour d’eau destinés à satisfaire les besoins de trois millions d’habitants des wilayas de Boumerdès, Bouira et Alger. Avec cette nouvelle station et en attendant la réception de l’usine de Tighremt, à Béjaïa, l’Algérie dispose désormais d’un apport cumulé supplémentaire de 1,2 million m3/jour.
La déclaration du chef de l’Etat rejoint les affirmations du PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi, qui avait déjà soutenu que l’Algérie était prête à exporter son expérience et son savoir-faire en matière de réalisation des stations de dessalement. Selon lui, Sonatrach a acquis une expérience suffisante et dispose des compétences dans la réalisation et la gestion de ces stations. «Sonatrach est aujourd’hui présente dans diverses parties du monde et elle est en mesure de réceptionner des projets pour la réalisation et l’exploitation des stations de dessalement de l’eau de mer partout où l’occasion se présente».
Le président de la République a, par ailleurs, félicité les cadres et les travailleurs pour cette réalisation d’envergure, réaffirmant que la satisfaction des besoins des citoyens à travers l’ensemble du territoire national était «sa principale préoccupation». Il a également rappelé que la réalisation d’usines de dessalement de l’eau de mer vise à pallier les conséquences du manque de précipitations et à préserver la nappe phréatique, soulignant que la wilaya de Boumerdès, qui «a accusé un certain retard pendant la période de la tragédie nationale, dans les années 1990, commence aujourd’hui à bénéficier de différents projets de développement».
Le Président n’a pas manqué de saluer les efforts des cadres et des travailleurs pour la réalisation de ces mégaprojets : «L’étude est algérienne, la réalisation aussi et les techniciens, les cadres et les travailleurs sont tous algériens». Il a ajouté : «C’est la voie que nous avons tracée depuis le début : rattraper le retard accusé dans tous les domaines afin de rejoindre les pays émergents et avancés. Nous sommes sur la bonne voie.»
Les futurs gestionnaires des stations en formation
Tebboune s’est dit d’autant plus fier que cette inauguration est intervenue pendant le mois de mars : «Comme je l’ai dit lors de l’inauguration des trois usines de dessalement de l’eau de mer ayant précédé l’usine Cap Djinet 2, c’est une immense fierté de remplir un devoir pour lequel nos valeureux chouhada se sont sacrifiés durant la Révolution. Aujourd’hui, nous concrétisons leurs rêves, particulièrement en ce mois de mars, mois des chouhada durant lequel la plupart des chefs de la glorieuse Révolution de libération sont tombés en martyrs», a-t-il dit après avoir suivi deux exposés techniques sur la réalisation et le fonctionnement de l’usine de dessalement. Le Président souhaite désormais une intégration entre les ministères de l’Energie, des Ressources en eau et de la Formation professionnelle.
Tout comme leur construction, l’exploitation, le fonctionnement et l’entretien des stations de dessalement devraient, à terme, être pris en charge par une main-d’œuvre qualifiée entièrement nationale. Quatre universités algériennes forment aux métiers du dessalement de l’eau de mer. Dans quelques années, des jeunes ingénieurs reprendront le flambeau dans ce domaine et développeront des compétences dans tous les stades de construction et d’exploitation, avait déclaré en janvier dernier un responsable de l’Algerian Energy Campany (AEC), filiale de Sonatrach, chargée de la supervision de la réalisation des stations de dessalement.
Rappelons que la réalisation des cinq usines entre dans le cadre d’un programme d’urgence visant à renforcer la sécurité hydrique et à répondre aux besoins des citoyens en eau potable. Ainsi, les travaux de construction des cinq stations de dessalement ont été lancés pour un délai de réalisation de 26 mois.
Aujourd’hui, les regards se tournent vers 2026 et la mise en place annoncée d’un plan de réalisation de nouvelles stations : «En 2026, on lancera 5 ou 6 autres usines pour arriver à un taux de couverture des besoins nationaux de 62% hors nappes phréatiques», avait, effet indiqué Abdelmadjid Tebboune, lors de la réception de la station de Koudiet Eddraouche d’El Tarf.
Avec la réception des cinq nouvelles usines, le nombre des stations de dessalement en Algérie atteindra les 31, ce qui permettra à la couverture nationale en eaux non conventionnelles de passer de 20% à 42%. Et de réduire la dépendance aux eaux souterraines, qui représentent actuellement 55% de l’eau utilisée.