Diabète de type 5 : Une reconnaissance historique pour un fléau longtemps ignoré

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Par Dr tarik Sebbah

Le Congrès mondial du diabète 2025 organisé par la Fédération internationale du diabète (FID) à Bangkok (Thaïlande) a marqué un tournant majeur dans la lutte mondiale contre le diabète. Pour la première fois, une forme de diabète liée à la malnutrition chronique, souvent négligée dans les classifications médicales, a été officiellement reconnue sous le nom de « diabète de type 5 ».

Une nouvelle catégorie pour une réalité ancienne

Bien que les premières observations de ce type de diabète remontent à plus de 70 ans, il a longtemps été mal compris et classé à tort comme un diabète de type 1 ou de type 2. Aujourd’hui, les recherches les plus récentes – notamment celles du Dr Meredith Hawkins, endocrinologue et directrice du Global Diabetes Institute à New York – ont permis d’isoler un profil métabolique distinct, désormais reconnu comme diabète de type 5, ou diabète lié à la malnutrition.

Qu’est-ce que le diabète de type 5 ?

Le diabète de type 5, également appelé SIDD (Severe Insulin-Deficient Diabetes), est caractérisé par une carence sévère en insuline, sans les mécanismes classiques de résistance observés dans le diabète de type 2. Contrairement au diabète de type 1, il n’est pas auto-immun. Ce type de diabète résulte d’un développement incomplet du pancréas, causé par des carences nutritionnelles chroniques, souvent dès l’enfance ou l’adolescence.

Il touche principalement les jeunes adultes maigres et mal nourris, vivant dans des pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI), notamment en Asie et en Afrique. On estime que 20 à 25 millions de personnes dans le monde sont concernées.

Une réponse globale coordonnée

Face à cette urgence sanitaire, la FID a annoncé la création d’un groupe de travail international sur le diabète de type 5. Codirigé par le Dr Meredith Hawkins (USA) et le Dr Nihal Thomas (Christian Medical College, Inde), ce groupe aura plusieurs missions :

  • Établir des critères de diagnostic clairs et reconnus ;
  • Élaborer des recommandations thérapeutiques adaptées ;
  • Mettre en place un registre mondial de recherche sur le diabète de type 5 ;
  • Développer des modules de formation pour les professionnels de santé.

 

Une approche thérapeutique adaptée aux ressources locales

Les recherches suggèrent que certains patients atteints de diabète de type 5 pourraient bénéficier de traitements oraux plutôt que d’injections d’insuline, ce qui réduirait les coûts et améliorerait l’accessibilité aux soins dans les zones les plus touchées. Cette perspective est essentielle pour les systèmes de santé sous pression, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.

Une reconnaissance porteuse d’espoir

Le professeur Peter Schwarz, président de la FID, a salué cette décision comme une avancée historique :

«Pendant trop longtemps, cette maladie n’a pas été reconnue, affectant des millions de personnes et les privant d’un accès à des soins adaptés. Avec le lancement du groupe de travail sur le diabète de type 5, nous prenons des mesures décisives pour remédier à cette situation. Il s’agit d’une question d’équité, de science et de sauver des vies.»

Une étape-clé vers une médecine plus juste

Cette reconnaissance s’inscrit dans une dynamique mondiale visant à repenser la classification des maladies selon des critères plus précis, adaptés à la diversité des contextes sociaux et biologiques. Le diabète de type 5 incarne ce besoin pressant de personnaliser les diagnostics et les traitements pour mieux répondre aux inégalités de santé mondiales.

En somme, la reconnaissance officielle du diabète de type 5 ouvre la voie à une meilleure compréhension, une prise en charge plus équitable et, espérons-le, à une amélioration concrète de la qualité de vie de millions de personnes dans le monde.