Par Brahim Aziez
Le Ghana se réinscrit dans la légalité internationale sur le dossier du Sahara occidental après s’en être éloigné en début d’année. C’est l’une des principales conclusions qu’on peut tirer du communiqué commun ayant ponctué la visite à Alger du ministre ghanéen des Affaires étrangères.
Les deux parties ont, en effet, souligné «la nécessité de parvenir à une solution politique reposant sur les décisions du Conseil de sécurité y afférentes et les principes de la Charte des Nations unies, ainsi que l’acte constitutif de l’Union africaine UA afin de garantir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination».
La rencontre d’Ahmed Attaf et de Samuel Okudzeto Ablakwa qui se sont longuement entretenus sur la situation du continent, a permis d’aborder nombres de sujets relatifs à la situation dans le continent et au Moyen-Orient. C’est ainsi que les deux pays ont exprimé leur «profonde préoccupation» face aux crises sécuritaires et humanitaires persistantes dans la région du Sahel, relevant leur convergence sur le principe de «solutions africaines aux problèmes africains», et soulignant la nécessité de privilégier le dialogue, la réconciliation et les règlements négociés pour résoudre les conflits en Afrique.
Les deux ministres ont, aussi, affirmé leur « engagement pour l’action multilatérale et les principes de la Charte des Nations unies et de l’Acte constitutif de l’Union africaine », soulignant « la nécessité de coordonner les réponses africaines aux défis régionaux et internationaux ». Ahmed Attaf et Samuel Okudzeto Ablakwa qui ont passé en revue « les efforts conjoints de lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier » ont convenu de « renforcer la coopération face à l’extrémisme violent et au trafic de drogues et d’armes ».
Partenariat commun et exemption de visa
L’Algérie et le Ghana ont réaffirmé leur engagement commun à renforcer leur partenariat de longue date et à promouvoir la coopération dans les secteurs prioritaires. Les deux parties ont, en outre, souligné leur volonté de renforcer la coopération bilatérale, et convenu d’une feuille de route qui prévoit des mesures prioritaires, notamment « l’intensification des contacts politiques de haut niveau à travers l’échange de visites, la tenue de la 4e session de la commission mixte permanente de coopération à Accra avant la fin 2025, pour la mise en œuvre des projets de coopération dans plusieurs domaines, tels que l’enseignement supérieur, la formation professionnelle, la justice, les transports, l’agriculture, la santé, l’industrie pharmaceutique, l’industrie agricole et les matériaux de construction ».
Dans le communiqué commun, il est souligné la nécessité de « mettre en place un mécanisme de concertation politique par la signature d’un mémorandum d’entente, outre l’actualisation et la finalisation de la rédaction des avant-projets des accords en cours de négociation, et la proposition de nouveaux outils juridiques pour renforcer le cadre de coopération ».
Les deux ministres ont, par ailleurs, signé un accord pour l’exemption de l’obligation de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques et officiels et débattu de la possibilité d’élargir cette disposition aux porteurs de passeports ordinaires.
Préoccupation commune sur la situation au Sahel et au Proche-Orient
Sur la région du Sahel, les deux parties ont exprimé leur « profonde préoccupation face aux crises sécuritaires et humanitaires persistantes », affirmant que « l’option militaire ne suffit pas pour relever les défis complexes ». Ils ont, de ce fait, appelé à une « stratégie globale qui traite les causes profondes en augmentant les investissements dans le développement, l’éducation et les infrastructures, et en créant des opportunités économiques pour les jeunes ».
S’agissant de la situation au Proche-Orient, les ministres algérien et ghanéen des Affaires étrangères ont exprimé les préoccupations des deux pays sur les agressions contre Ghaza, réaffirmant leur ferme soutien à la solution de deux Etats qui garantisse au peuple palestinien son droit légitime à l’établissement d’un Etat indépendant et souverain ». D’autre part, les deux parties ont souligné « l’importance d’une réforme globale du système des Nations unies, notamment du Conseil de sécurité pour assurer une représentation équitable des pays africains dans la gouvernance mondiale ».
Au sortir de l’audience accordée par le président de la République algérienne, Samuel Okudzeto Ablakwa a déclaré que les relations entre l’Algérie et son pays « sont aujourd’hui au beau fixe », soulignant l’engagement des deux pays à les renforcer. Et d’ajouter « nous sommes des alliés de longue date, et il est impératif d’œuvrer au développement de ces relations ».
Le ministre ghanéen ne manquera pas de préciser que « le Ghana ne croit pas aux relations opportunistes, mais à celles fondées sur la confiance et le principe gagnant-gagnant ».