Doublé par les Italiens sur le marché algérien. José Vicente Tomas (DG de KERAJET) accuse le gouvernement Sanchez : «L’Espagne doit imiter l’Italie, notamment dans la gestion des visas»

0
2002

PAR ZINE HADDADI

En Espagne, les entreprises ressentent toujours l’impact de la crise avec l’Algérie. En plus des pertes colossales enregistrées après la suspension des échanges commerciaux avec l’Algérie en juin 2022, les opérateurs espagnols, notamment dans le domaine de la céramique, ont vu que leur place privilégiée sur le marché algérien est en train d’être occupée petit à petit par leurs concurrents italiens. C’est ce qu’explique José Vicente Tomás, directeur général de l’entreprise Kerajet, spécialisée dans le domaine de la céramique. Dans un entretien accordé à El Mundo, lundi, José Vicente Tomás constate amèrement les difficultés à reprendre la place des entreprises espagnoles sur le marché algérien. Il regrette également le manque d’implication de la part des autorités espagnoles pour résoudre les problèmes des nombreuses entreprises impactées par la crise entre l’Espagne et l’Algérie.

«Il ne peut pas être plus confortable pour un Algérien d’aller en Italie qu’en Espagne»

« Nous nous efforçons de reconquérir la clientèle algérienne après le désastre qu’est la rupture des relations économiques. Ce gouvernement a très mal agi et n’a fait aucun travail pour résoudre le problème », a déploré José Vicente Tomás. Pour le directeur général de Kerajet, l’Algérie « est un marché très important pour tout le secteur de la céramique ». C’est pour cela qu’il espère un rétablissement rapide des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne. Si le dégel a été amorcé en ce début d’année 2024 avec l’autorisation par l’Algérie de l’importation des intrants avicoles et des viandes fraîches depuis l’Espagne, on est encore loin des niveaux des échanges d’avant la crise de 2022.

C’est d’ailleurs le constat fait par la secrétaire d’Etat au commerce espagnole, Xiana Méndez, qui a reconnu que le dégel partiel sur les échanges ne signifiait pas la normalisation des relations économiques entre l’Espagne et l’Algérie. Dans bien des domaines, le vide créé par la suspension des échanges avec l’Espagne a profité à des pays comme l’Italie, regrette José Vicente Tomás. Ce dernier note que même dans l’autre sens, l’Espagne se montre très stricte concernant les visas et les séjours des Algériens, y compris les hommes d’affaires, par rapport à l’Italie.

« Nous devons être aussi souples que possible. Oui, je demande que l’Espagne facilite la gestion des visas pour l’arrivée des Algériens, en imitant l’Italie. En Europe, nous devons tous y aller ensemble. Il ne peut pas être plus confortable pour un Algérien d’aller en Italie qu’en Espagne, où les visas sont longs et de courte durée. Nous posons trop de problèmes aux Algériens, aux hommes d’affaires qui ont des entreprises qui peuvent acheter beaucoup chez nous », explique le DG de Kerajet.

Les Italiens plus efficaces

La concurrence avec l’Italie au niveau du marché algérien inquiète cet opérateur espagnol, qui n’est pas dupe de la capacité des Italiens à combler le vide laissé par les entreprises espagnoles, notamment grâce à un état d’esprit plus entreprenant, y compris de la part des autorités politiques. « Les Italiens sont plus dans le marketing, non seulement au niveau de la publicité, mais aussi au niveau de l’Etat, ils bénéficient d’un plus grand soutien. En réalité, si nous ne luttons pas pour le produit espagnol, il ne sera pas possible de concurrencer le produit italien », a-t-il indiqué.

Dans ce contexte, le report, il y a dix jours, de la visite de José Manuel Albares en Algérie, qui avait suscité beaucoup d’espoirs chez les opérateurs économiques espagnols, a marqué un petit coup de frein à l’évolution positive des relations algéro-espagnoles depuis l’automne 2023. Néanmoins, le gouvernement espagnol affirme, par le biais de sa secrétaire d’Etat au commerce, Xiana Méndez, qu’il « continue toutes les démarches diplomatiques avec l’Algérie qui est un partenaire à bien des égards, et doit redevenir un partenaire commercial très important pour l’Espagne ».

Z. H