/Jeudi 16 décembre, il est environ 22h quand le bruit de quelques coups de feu retentit dans le quartier de Bab El-Oued. Les corps de Haythem et Saïd dit Saïd Djitanou (le Gitan) gisent par terre, ils viennent d’être abattus par Fateh, leur voisin policier.
Les habitants du quartier sont sidérés face au drame qui vient de se dérouler sous leurs yeux. Fateh, jeune policier apprécié de tous, a tiré plusieurs coups de feu sur quatre jeunes faisant deux morts et deux blessés dont une jeune femme. En effet, en entendant une bagarre en bas de chez lui, le policier s’est dépêché de descendre pour calmer les jeunes connus des services de sécurité et aussi des habitants du quartier, de petits délinquants qui ont fait de la vente des psychotropes leur gagne-pain. Ce qui s’est passé par la suite ? De nombreuses versions sont livrées par les habitants du quartier présents lors du drame, mais tous relatent un acte de légitime défense. En effet, selon les récits des témoins, le policier aurait été menacé par les jeunes, sous l’effet de la drogue, ce qui l’aurait contraint à rétorquer avec son arme à feu. Certains affirment que les délinquants auraient sorti des produits pyrotechniques dangereux, tandis que d’autres parlent d’armes blanches. Au lendemain du drame, l’ambiance est tendue dans le quartier, toutes les pensées des habitants vont vers Fateh, ce jeune policier fort apprécié du voisinage et que de jeunes délinquants ont poussé à commettre un crime. S’étant rendu de lui-même aux services de sécurité, le policier a été maintenu en garde à vue. «Il les a avertis à plusieurs reprises, n’hésitant pas à descendre à chaque fois pour les remettre à leur place. Mais là c’était la fois de trop», affirme un commerçant du quartier, en ajoutant : «Ce qui s’est passé était prévisible, car le quartier est devenu infréquentable. Nous sommes tous à bout».
Une pétition pour sa libération
Refusant de voir un jeune homme au comportement jugé exemplaire mis sous les verrous, les habitants du quartier de Bab El-Oued se sont dépêchés de lancer une pétition demandant la libération de Fateh. Ils évoquent un jeune homme sympathique, bien élevé qui prenait soin de son vieux père malade qui est d’ailleurs, décédé hier, dans la matinée, probablement suite au choc de ce malheur. Une vidéo montrant le père du policier sur son lit de mort a, d’ailleurs, été largement partagée sur la toile. Filmé par un ami du policier, il raconte la vie d’un jeune homme dévoué et attentionné envers son père, un homme qui ne ferait pas de mal à une mouche. Très affecté par le drame qui s’est abattu sur son fils, Ami Mouffek, le père de Fateh est décédé, hier, dans la matinée sans avoir vu son fils une dernière fois. Par ailleurs, la Direction générale de la sûreté nationale a publié pour sa part, un communiqué dans lequel elle annonce qu’une enquête a été ouverte. En attendant que la justice fasse son travail, le drame qui s’est produit à Bab El-Oued dans la nuit du jeudi 16 décembre a soulevé le débat sur l’insécurité et la délinquance qui règnent sur les quartiers de la capitale.
W. S.