Les deux ONG, Human Right Watch, HRW, et Amnesty International, ont dénoncé énergiquement « l’absence d’enquête et de justice » pour les victimes du drame des demandeurs d’asile et des migrants brutalement tués, l’année dernière, à la frontière du Maroc avec l’enclave espagnole de Melilla.
« L’Espagne ainsi que le Maroc ont disculpé leurs forces de sécurité à la suite d’enquêtes déficientes ou insuffisantes sur les violences commises à la frontière de l’enclave de Melilla », a dénoncé Human Rights Watch par la voix de Alice Autin, chercheuse auprès de la division Europe et Asie centrale de cette ONG.
« Et l’on ne sait toujours pas ce qui est arrivé à des dizaines de personnes qui ont tenté de traverser la frontière ce jour-là », indique l’ONG dans un document publié mercredi sur son site.
Selon l’ONG, les personnes à la recherche de proches ont fait état d' »un manque d’accès aux informations officielles et à un soutien ».
HRW a souligné que le gouvernement marocain n’a même pas daigné répondre à l’écrit qu’elle lui a adressé le 15 juin afin de s’enquérir des mesures prises (s’il y en a) pour garantir une enquête indépendante et efficace sur les événements et sur la responsabilité des violations.
L’Espagne et le Maroc devraient convenir d' »une enquête indépendante, impartiale et complète sur les événements de juin 2022 à la frontière de Melilla, afin de traduire en justice les responsables de graves violations des droits humains et de veiller à ce que ces violations ne se reproduisent pas », a déclaré Human Rights Watch.
Selon l’ONG, les violations comprennent l’usage d’une force excessive, les expulsions collectives et les refoulements. Les autorités des deux côtés de la frontière devraient coopérer pour aider les familles à retrouver des proches disparus et leur fournir des informations sur l’enquête en temps opportun.
Amnesty international accuse le Maroc et l’Espagne de « camouflage »
Pour sa part, Amnesty International, a rapporté l’agence Reuters, a accusé, ce vendredi, l’Espagne et le Maroc de « camouflage » pour n’avoir pas mené d’enquête appropriée sur la mort de ces dizaines de migrants et réfugiés.
« Un an après le carnage de Melilla, les autorités espagnoles et marocaines continueront non seulement de nier toute responsabilité mais empêcheront aussi des démarches pour découvrir la vérité », a déclaré la secrétaire générale d’Amnesty, Agnès Callamard.
A rappeler qu’environ 2.000 migrants et réfugiés d’Afrique subsaharienne ont tenté d’entrer à la Melilla le 24 juin 2022. Au moins 37 d’entre eux sont morts, tandis qu’au moins 76 sont toujours portés disparus, selon Amnesty.
Le parquet espagnol a ouvert une enquête sur l’incident mais n’a inculpé aucun des officiers présents car ceux-ci n’étaient, selon lui, pas informés des événements. Des élus ont écarté l’idée d’une enquête parlementaire.