/Alors que le spectre d’une grève nationale plane sur les écoles algériennes, le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, organise aujourd’hui une rencontre avec l’ensemble des partenaires sociaux de son secteur et cela en vue d’installer la commission nationale chargée de la révision du statut particulier des travailleurs de l’éducation.
Une réunion qui était déjà inscrite au calendrier, mais qui sera certainement une occasion pour le ministère de tenter de désamorcer la bombe et éviter les grèves qui se profilent.
Un statut particulier qui ne fait pas l’unanimité
Bien que cette rencontre intervient au lendemain des menaces de débrayage lancées par deux syndicats imposants, l’Unpef et le Cnapeste, elle aurait été programmée depuis un moment nous confie Meziane Meriane, coordinateur national du syndicat national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique Snapest. «Il s’agit d’une réunion de travail autour du statut particulier des travailleurs de l’éducation promulgué en 2012. Il ne s’agit pas d’une réponse de la tutelle à la menace de grève des syndicats de l’éducation mais juste la continuité d’un travail que nous avons déjà entamé», a-t-il déclaré en ajoutant : «La commission qui sera installée sera en charge de rectifier et élucider toutes les bavures qu’on a pu constater dans la version actuelle du statut particulier. Nous avons relevé tellement d’injustice qu’il m’est difficile de les énumérer toutes, je cite l’exemple de la classification et des échelons. La responsabilité de cette commission est grande car il s’agit de la gestion de la carrière de l’enseignant», a-t-il affirmé.
La CSA prépare son action
Concernant la menace de grève qu’ont brandit l’Unpef et le Cnapeste, Meziane Meriane a affirmé qu’une action commune est en train de peaufiner. «L’ensemble des membres de la Confédération des syndicats algériens se sont réunis samedi dernier à Alger en vue d’enclencher une action de protestation commune. La nature et la date de cette action n’ont pas encore été décidées mais cela ne serait tarder», a-t-il dit. Les raisons de cette colère qui monte, une réelle exaspération de la part des travailleurs du secteur de l’éducation qui subissent l’inflation de plein fouet. Les syndicats évoquent entre autres la baisse du pouvoir d’achat qui a conduit à la détérioration des conditions sociales de l’enseignant mais aussi le retard accusé par la tutelle pour la satisfaction d’une série de revendications professionnels. «Vous savez, ce sont toujours les mêmes revendications qui reviennent chaque année et chaque année la situation empire, il est peut-être temps pour les autorités de joindre la parole à l’acte», a déclaré le syndicaliste en faisant référence à l’annonce de la réduction de l’impôt sur le revenu global et l’augmentation du point indiciaire prévues pour la loi de finances 2022. Des annonces face auxquelles les syndicats autonomes sont restés sceptiques en demandant au gouvernement d’agir rapidement sur terrain.
W. S.
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Mahfoud Kaoubi : «La libération des salaires ne veut pas dire leurs augmentation»
L’analyste politique et économique Mahfoud Kaoubi considère que la libération des salaires n’est pas forcément leur augmentation». Il s’explique. «Libérer les salaires ne veut pas dire leur augmentation, car le salaire est négocié par rapport à une valeur ajoutée, vu qu’il s’agit d’une contrepartie du travail. Or, nous sommes déconnectés de cette réalité, nous ne parlons du salaire que par rapport au pouvoir d’achat».
Restant sur le projet de loi de finances 2022, Mahfoud Kaoubi a souligné le réajustement du barème des revenus concernés par l’IRG et son impact sur l’équilibre entre différentes couches de citoyens en termes de fiscalité. «Le projet de loi de finances marque un certain nombre de points dont l’harmonisation fiscale à travers le réajustement de l’IRG, que ce soit en termes de barème ou d’élargissement des revenus concernés par cet IRG. C’est une logique qui tend vers un équilibre et une parité entre les différents citoyens en termes de fiscalité. Donc les revenus sont répertoriés et soumis à un nouveau barème qui a été réajusté afin de permettre l’amélioration et l’élargissement de l’assiette fiscale.»
«Le PLF 2022 permet l’impôt sur la richesse, mais…»
Quant à la mise en pratique de ce projet de loi, Kaoubi s’est dit pessimiste. «Il sera difficile vu la situation socio-économique. «Maintenant, il faut travailler d’une manière sérieuse à ce que le système soit mis en place dans la durée. Ce qui permettra d’avoir un système fiscal qui fonctionne correctement et selon les standards internationaux», explique-t-il. Avant de conclure, l’analyste a évoqué la fiscalité locale et ce qu’elle prévoit pour les riches de ce pays. «Ce projet de loi finances soumet les activités non commerciales, agricoles, et les revenus immobiliers à l’IRG. Cela permet de passer à une équité sociale en mettant en vigueur l’impôt sur la richesse». On rappellera que le Premier ministre, ministre des Finances Aïmen Benabderrahmane a présenté le projet le projet de la loi de finances 2022 devant la commission des finances et du budget de l’APN hier.
R. N.