Elisabeth Moore Aubin (ambassadrice des Etats-Unis à Alger) : «Avec l’Algérie, on se comprend et on comprend nos divergences»

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L'ambassadrice US

Par Djilali B.

 

Les Etats-Unis et l’Algérie font bon ménage, à en croire les propos de l’ambassadrice américaine en Algérie, Mme Elizabeth Moore Aubin dans un entretien à une chaîne de télévision publique.

Dans un style diplomatiquement feutré, la représentante de Washington à Alger a réussi à faire converger les positions des deux pays, l’Algérie et les Etats-Unis, à travers le dialogue et les consultations «permanentes» sur les questions d’actualité, notamment la Palestine et la nécessité d’un cessez-le- feu à Ghaza et au Liban.

«Les Etats-Unis œuvrent depuis le début de la crise pour un cessez-le-feu permanent en collaboration avec l’Egypte, le Qatar et l’Algérie. L’Algérie a apporté un grand soutien à la population de Ghaza et c’est très important. Nous saluons d’ailleurs l’Algérie pour ce qu’elle fait pour aider la population de Ghaza», a-t-elle déclaré.

Et s’entendent sur la solution à deux Etats signée et actée à Oslo que l’administration Netanyahu s’est affairée depuis des années à torpiller. Quid de l’assassinat du signataire israélien Yitzhak Rabbin et de la liquidation de son homologue palestinien, Yasser Arafat.

Et la diplomate de réitérer cette formule qui dédouane d’aller vers une solution définitive en jouant le facteur temps.
Les étapes, alors que la question avait été soldée et scellée lors de la signature, suivi en live à travers le monde, de l’accord d’Oslo en septembre 1993.

«Avec l’Algérie, nous partageons l’objectif d’un cessez-le-feu et la solution à deux Etats en Palestine, mais pour atteindre cette dernière nécessite d’abord de concrétiser le premier pas qui est le cessez-le-feu et l’administration Biden œuvre depuis le 7 octobre 2023 pour ce cessez-le-feu pour pouvoir ensuite ouvrir les discussions sur la solution à deux Etats», dit-elle, avec cette nuance près que pour l’Algérie, il est question du cessez-le-feu immédiat, de la libération des otages et l’ouverture de négociations sur la solution à deux Etats avec la Palestine dans les frontières de 1967, avec El Qods Est comme capitale. Plus clairement, un  retour aux accords d’Oslo que le gouvernement Netanyahu avait enterrés. Le Premier ministre sioniste a d’ailleurs clamé qu’il ne reconnaîtra pas un Etat palestinien.

«Pour les Etats-Unis, la solution à deux Etats constitue le but final et on a eu des discussions avec l’Algérie à ce sujet et nous avons un but commun et chacun de nous connaît les étapes pour atteindre cet objectif», a-t-elle précisé, considérant l’Algérie comme un partenaire important. L’attitude agressive et expansionniste de Benyamin Netanyahu commence à «agacer» Washington en se plaçant en porte-à-faux avec certains de leurs objectifs géostratégiques.

«L’Algérie a été et demeure un partenaire très important, nous menons un dialogue en permanence et nous avons discuté de nombreuses questions et même lorsqu’il y a des divergences, nous parvenons à chaque fois à trouver des terrains d’entente. Avec l’Algérie, on se comprend et on comprend nos divergences. L’Algérie est un important partenaire au Conseil de sécurité», a ajouté la diplomate, qui reconnaît ainsi l’existence de divergences qui sont dépassées dans le cadre d’un dialogue permanent, mais sans effet, selon l’optique d’Alger, sur le terrain, considérant que les Etats-Unis sont le seul pays à pouvoir, par une simple décision, mettre fin à cette escalade et au risque d’embrasement de la région du Moyen-Orient.

Et en prenant tard le train sur cet autre dossier chaud en disant : «Nous sommes inquiets pour ce qui se passe au Liban, nous voulons que l’avenir des Libanais demeure entre les mains des Libanais et nous respectons la souveraineté du Liban et nous œuvrons pour un cessez-le-feu dans ce pays», la diplomate américaine tente de replacer son pays dans une équation où son laxisme, sa complicité et son silence ont profité à d’autres pays, surtout depuis que l’édifice des alliés d’Israël s’est fissuré, pour avancer leurs pions et jouer la carte de la paix. Car l’inquiétude des Etats-Unis sur ce qui se passe au Liban est loin de constituer une réponse aux attentes de ce pays.