Par Abdellah B.
La géopolitique de l’énergie impose des défis importants à l’Algérie qui aspire à préserver sa position clé dans le bassin méditerranéen pour de longues années. Un objectif qui ne serait possible sans la rationalisation de la consommation interne, le renouvellement des ressources et la diversification de la production énergétique. Pour cela, dépasser le virage de 2025 avec beaucoup d’efficacité dans la mise en application de la politique énergétique du pays est impérative pour l’Algérie qui fête aujourd’hui le 54e anniversaire du recouvrement de sa souveraineté sur ses richesses en hydrocarbures.
Dans ce sens, le dossier de la rationalisation de la consommation de l’énergie, sujet très sensible, s’est invité, hier, à la table du Conseil des ministres. Sur ce point, le président de la République a prôné la préparation d’une conception d’une nouvelle approche à moyen et à long termes pour cerner la problématique de l’évolution de la consommation interne du gaz et des produits pétroliers. Il a insisté dans ce sens sur «l’importance de la prospective et la rationalisation de la consommation des différents types d’énergies à travers l’adoption d’une nouvelle approche de régulation et de contrôle». De ce fait, le Président a ordonné le renforcement des investissements dans le domaine de l’énergie, qu’elle soit fossile ou nouvelle et renouvelable et la lutte contre le gaspillage, tout en insistant sur l’impératif de «la préservation du pouvoir d’achat des citoyens», lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres.
Il faut souligner que l’Algérie consomme plus d’un tiers de sa production en interne pour répondre aux besoins d’un marché local en perpétuelle expansion. Et pour maintenir l’équilibre entre l’obligation de répondre à la demande interne et la nécessité de l’exportation pour accompagner le développement économique du pays, la rationalisation de la consommation interne n’est plus une obligation, mais un devoir. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Energie, pour l’année 2024, il s’agit de 55 millions de tonnes équivalent pétrole en 2024, dont la moitié est consommée pour la production de l’électricité.
Amélioration de la production des hydrocarbures
A terme, l’amélioration de la production d’hydrocarbures figure en tête des priorités de Sonatrach. La concurrence sur le marché traditionnel commence à enfler, notamment avec les ambitions à long terme affichées par de nombreux acteurs pour faire écouler leur production sur le marché européen. De l’est à l’ouest jusqu’au sud, la course vers l’amélioration de la production gazière et la recherche de clients potentiels a démarré. En Méditerranée, la bataille de positionnement pour certains et de préservation du marché pour les autres est déjà entamée. En Algérie, c’est la Sonatrach qui tente une intensification des investissements dans l’amont gazier et le développement des périmètres des champs existants avec de nombreux acteurs étrangers, dont certains vont marquer leur entrée sur le marché algérien. L’objectif est de créer une nouvelle dynamique qui portera la production pétrolière et gazière du pays à des niveaux plus élevés, seule et unique voie pour répondre à la fois à une demande locale exponentielle et exporter l’excédent sur le marché international conformément à la règlementation en cours qui interdit l’exportation des hydrocarbures sans la prise en charge totale de la demande interne.
Energies nouvelles et renouvelables
En matière de diversification de sa production énergétique et de ses offres sur le marché international, l’Algérie se fixe également de nouvelles ambitions en matière d’énergies nouvelles et renouvelables avec 22 GW en énergie solaire et éolienne et 40 Twh en hydrogène vert à partir de 2040. La barre est placée haut, ce qui fait de ce quinquennat un virage à ne surtout pas rater pour espérer une place parmi les bâtisseurs du nouveau système énergétique mondial. Le pays travaille également sur plusieurs projets de corridor, soit pour l’exportation de l’hydrogène vert ou pour l’électricité, en plus du gazoduc transsaharien qui devrait être d’un apport très important dans la transformation du pays en un véritable hub énergétique à terme.
Enfin, les défis à relever sont multiples et les moyens à mettre sur le terrain sont aussi importants. Il s’agit donc d’une bataille non pas de survie pour un groupe public qui est un exemple sur le continent, mais celle d’un positionnement stratégique de la Sonatrach sur la scène internationale qui ne cesse de se métamorphoser d’une manière assez rapide.