Entre sécurité alimentaire et exportations : L’agriculture sur tous les fronts

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Par Brahim Aziez

 

L’agriculture algérienne renaît, ces dernières années, de ses cendres. Une renaissance favorisée par la volonté des hautes autorités du pays de redonner à ce secteur ses lettres de noblesses et soustraire le pays du fardeau des importations qui a longtemps alourdi la facture des importations. Du coup, l’agriculture se retrouve, aujourd’hui, «sommée» d’assurer la sécurité alimentaire du pays, mais aussi contribuer aux exportations hors hydrocarbures. De gros moyens ont été consentis pour booster ce secteur aux potentialités mal exploitées.

Et sur le point des objectifs, les premiers résultats sont assez flatteurs en ce sens où l’Algérie qui importait une bonne partie de ses produits agricoles et agroalimentaires a réussi à couvrir plus de 75% de ses besoins en la matière ces dernières années, avec une production qui avoisine les 35 milliards de dollars. Et dans tout cela, l’Algérie qui réalise d’excellentes performances dans la production de céréales devrait atteindre son autosuffisance en blé dur et en orge à l’horizon 2027, alors que 30 millions de quintaux de blé dur devraient représenter la production de la prochaine récolte.

 

Des exportations qui se diversifient

Pour ce qui est des exportations hors hydrocarbures, celles-ci devraient atteindre les 29 milliards de dollars à l’horizon 2030. Il est vrai que celles-ci qui ont été de 5,058 milliards de dollars l’an dernier, selon le rapport annuel de la Banque d’Algérie pour 2023, certes en baisse par rapport à 2022 où il a été question de 5,978 milliards de dollars, mais bien au-delà des 1,7 milliard de dollars, chiffre que les exportations hors hydrocarbures peinaient à atteindre jusqu’à 2020. Mais dans cette performance, il y a lieu de noter qu’avec une part de 8,5% des exportations de biens hors hydrocarbures, les exportations de biens alimentaires ont progressé de près de 159 millions de dollars (+ 59,1%) passant de 269 millions de dollars à fin décembre 2022 à 428 millions de dollars à fin décembre 2023. Et l’année 2024 qui s’achèvera bientôt pourrait révéler de bien meilleurs résultats.

Mais que pourront représenter, à l’avenir, les produits agricoles et  agroalimentaires dans ces exportations ?

La réponse a été abordée par le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, qui  avait fait savoir en juin dernier que l’évaluation des capacités nationales en matière d’exportations hors hydrocarbures a fait état d’un surplus dans de nombreux produits. Il avait évoqué, alors, 3 millions de tonnes de sucre et 100 000 tonnes de dattes, entre autres. Il y a aussi l’huile d’olive, même si les volumes restent maigres, mais aussi les fruits et légumes, outres les produits agroalimentaires. Il y a quelque temps, le président du cluster algérien des fruits et légumes à l’export (CAFLEX), Toufik Hadkeheil, rappelait, à juste titre, que notre pays regorgeait de «moyens d’exportations considérables» dans ce segment d’activité, à la faveur de la qualité et la diversité des produits à longueur d’année, mais également à la faveur des superficies agricoles qui s’agrandissent, du climat idoine et du développement qu’a connu récemment le secteur agricole. Il soulignait, par ailleurs, que le cluster qu’il supervise détient, de surcroît, l’ensemble des certificats de conformité aux normes internationales en matière de produits agricoles, ce qui boostera encore plus les produits algériens sur les marchés internationaux

Mais pour cela, les producteurs qui ne sont pas experts dans les opérations d’exportation ont besoin de l’aide de l’Etat. Une aide qui se traduit, déjà, par des facilitations administratives et douanières pour stimuler les exportations hors hydrocarbures, l’implantation d’espaces d’exposition permanents de produits algériens dans nombre d’Etats africains avec une prise en charge partielle des frais inhérents, et l’ouverture de filiales de banques publiques à l’étranger.