Par M. Mansour
Dans son discours à la nation prononcé, hier, devant les deux chambres du Parlement au palais des Nations, le président Tebboune a réaffirmé son engagement à préserver la mémoire nationale et à défendre la dignité des ancêtres, qu’ils soient résistants, moudjahidine ou martyrs de la Révolution de Novembre. Au cours de cette intervention qui a duré plus d’une heure, le chef de l’Etat a abordé plusieurs aspects de la période coloniale, évoquant les sacrifices des Algériens et leur martyre. Il a aussi pris le temps de commenter certains faits d’actualité brûlants, en particulier les propos scandaleux tenus par l’écrivain Boualem Sansal, arrêté le 14 novembre dernier à Alger pour avoir proféré des attaques graves contre l’Algérie, remettant en cause son intégrité territoriale ainsi que son Histoire.
Avec une ferveur indéniable, le Président s’est présenté comme un héritier direct et résolu de cette mémoire glorieuse. «Je me considère comme le fils d’un martyr… le fils de Boubaghla, du Cheikh Amoud, du Colonel Amirouche, de Mustapha Ben Boulaïd, du Colonel Lotfi et de tous les martyrs de l’Algérie», a-t-il affirmé, soulignant l’importance de ne jamais renoncer à la dignité de ces héros. Pour lui, ce devoir de mémoire est avant tout une obligation morale et historique, un héritage que le peuple algérien doit protéger avec une vigilance inébranlable.
Un voleur… qui ose
Dans un passage particulièrement virulent de son discours, le chef de l’Etat n’a pas mâché ses mots face aux voix dissonantes qui œuvrent à ternir cet héritage mémoriel. Faisant allusion à l’écrivain Boualem Sansal, sans pour autant le désigner nommément, il a exprimé son indignation face à ses propos infâmes, pointant du doigt «un voleur, une personne sans identité, qui ose prétendre que la moitié de l’Algérie appartenait à un autre pays !»
Le chef de l’Etat a également tenu à rappeler le contexte de l’Algérie avant et après la colonisation française, mettant en lumière les ravages provoqués par cette dernière. «Lorsque le colonialisme a foulé le sol algérien, le peuple était alors éduqué et l’Algérie était un pays exportateur de blé», a-t-il rappelé, soulignant que les conséquences de la colonisation ont été tragiques : massacres, destructions et analphabétisme. «Ceux qui prétendent avoir laissé l’Algérie en paradis doivent savoir qu’au lendemain de l’indépendance, 90% du peuple algérien était analphabète», a-t-il ajouté, dénonçant l’hypocrisie des discours nostalgiques sur le «bienfait» colonial.
Les affres du colonialisme
Dans la continuité de cette réflexion sur les atrocités coloniales, la mémoire des souffrances endurées par le peuple algérien demeure au cœur des préoccupations du Président. Durant ce message à la nation, il a évoqué les massacres de Zaatcha et de Laghouat, ainsi que les tragédies du 8 Mai 1945, où 45 000 Algériens furent massacrés dans un crime de masse. Il a également dénoncé le fait que 500 crânes de résistants algériens soient encore conservés en France, déplorant que seulement 24 d’entre eux aient été rapatriés jusqu’à ce jour. Pour le président Tebboune, ces crimes demeurent imprescriptibles et la France doit enfin assumer ses responsabilités historiques envers l’Algérie.
Dans cette quête de réparation, le Président a clairement exprimé que l’Algérie ne cherchait pas une indemnisation pour les souffrances endurées, mais une reconnaissance sincère. «Nous ne demandons pas une réparation financière pour ce que vos ancêtres ont fait, mais une reconnaissance. Nous n’avons pas besoin d’une compensation en argent pour les sacrifices consentis», a-t-il insisté, réitérant que la valeur des martyrs dépasse toute considération matérielle.
«Venez nettoyer les déchets de vos essais nucléaires»
Le chef de l’Etat a ensuite dénoncé les séquelles environnementales laissées par le colonialisme, notamment les essais nucléaires dans le Sud du pays, qui continuent d’affecter les populations locales, en appelant les autorités françaises à venir nettoyer les déchets qu’elles ont laissées, soulignant, une fois de plus, que l’Algérie ne cherche pas à être indemnisée.
En abordant la question du Sahara occidental, après avoir réaffirmé le soutien indéfectible de l’Algérie à la cause sahraouie, le président de la République a tenu à souligner que «l’idée d’autonomie» proposée par le Maroc «est, à l’origine, une idée française. Nous le savons depuis des décennies». Il a ensuite ajouté que les solutions proposées par le Maroc ne sont, selon lui, que «des choix entre le mal et le pire», soulignant que cette question relève avant tout d’un processus de décolonisation et d’autodétermination. Le chef de l’Etat a réaffirmé avec force que l’Algérie restera fidèle au respect de la légalité internationale et du droit international dans le cadre de ce dossier.
Enfin, dans un geste d’unité et de gratitude, Abdelmadjid Tebboune a rendu hommage aux dirigeants algériens qui ont pris en charge le destin du pays après l’indépendance. «Leur fidélité au message des martyrs et leur contribution à la mise en place des fondements d’un Etat social» constituent, pour lui, un prolongement des principes de la Révolution du 1er Novembre 1954.