Par Zine Haddadi
Lancée tout récemment, la compagnie Madar Maritime Company (MMC) entend bien jouer un rôle prépondérant dans le développement du fret maritime en Algérie, qui connaît d’ailleurs une évolution intéressante ces dernières années.
La nouvelle venue dans le marché du fret maritime a lancé les procédures pour l’acquisition de deux navires au courant de l’année 2025 en vue de l’entrée effective en activité.
L’annonce a été faite par le PDG Ali Ourak dans une déclaration accordée à l’APS.
La compagnie Madar Maritime envisage de constituer sa flotte par des navires vraquiers, a indiqué le même responsable.
«Compte tenu du déficit en matière de navires vraquiers destinés au transport de clinker, de phosphate et des céréales notamment, MMC compte acquérir deux navires pour notre première année d’activité et nous avons entamé pour cela les démarches nécessaires», a-t-il déclaré.
Intervenant dans le cadre de la Conférence internationale de l’économie maritime (CIEM), organisée sous le thème «Naviguer vers l’avenir : construire le secteur maritime de demain», par World Trade Center Algiers et World Trade Support, le PDG de MMC a précisé que les deux navires «serviront d’abord à transporter les marchandises produites par les usines relevant du groupe, destinées à l’exportation, et couvrir ensuite une partie de la demande pour l’importation de marchandises, sur le marché algérien, largement couvert par les armateurs internationaux».
Le renforcement de la flotte de Madar Maritime Company s’étale sur deux phases. La première consiste à acheter des vraquiers pour ensuite passer à des navires plus grands.
«Nous allons commencer par couvrir une part de la demande du marché national, qui a besoin au moins de six navires vraquiers, avant d’acquérir des porte-conteneurs dans une seconde phase», a ainsi révélé le PDG de MMC, filiale du groupe public Madar Holding, créé en août dernier.
La nouvelle-née du fret maritime algérien veut aussi mettre ses navires à la disposition des exportateurs nationaux pour leur faciliter l’accès aux marchés internationaux, tout en assurant la régularité des traversées depuis les ports algériens.
L’Algérie ambitionne de devenir un hub maritime international
L’arrivée d’une nouvelle compagnie de fret maritime aux côtés du groupe public GATM renforce les capacités de l’Algérie qui aspire à devenir un hub international.
Les intervenants de la conférence de l’économie maritime ont mis l’accent sur les atouts de l’Algérie dans ce domaine.
Ainsi, par sa position géographique et par les mesures prises par les autorités publiques dans le développement du secteur du transport maritime, l’Algérie a de quoi prétendre à un statut de hub de transbordement de et vers l’Afrique.
«Il est impératif de donner à l’Algérie une place de premier plan sur la scène internationale comme point d’entrée et hub pour l’Afrique dans le domaine maritime et portuaire, pour répondre aux attentes des opérateurs économiques nationaux», a insisté Ahmed Tibaoui, Directeur de World Trade Center Algiers, organisateur de cette conférence qui en est à sa deuxième édition.
Pour sa part, le président de l’Association professionnelle des agents maritimes algériens (AMAPA), Mouloud Belaïd a pointé les obstacles qui pourraient contrarier l’objectif de l’Algérie de devenir un hub international, citant comme exemples «l’érosion des parts de marché de la flotte nationale» et «une réglementation disparate sur diverses administrations et la congestion portuaire» qui affecte la compétitivité.
Le président du Syndicat du transport et de la logistique (Translog), Abdallah Seriai, a appelé à davantage d’investissements dans la modernisation des infrastructures et des services de la logistique portuaire en Algérie.
L’objectif est de réduire le coût que représente la logistique dans les produits commercialisés en Algérie (jusqu’à 35%), comparativement au coût moyen enregistré à l’échelle mondiale (entre 10 et 20%).