L’Algérie n’est plus le 2e fournisseur de gaz à l’Espagne, nous apprend l’agence américaine Bloomberg. Une information qui n’est pas pour étonner quand on sait la crise entre les deux pays. Ce qui est moins anodin, c’est le fait que Madrid, pour combler son déficit, soit partie quérir du gaz chez l’«ennemi» russe, allant à l’encontre des résolutions de l’Union européenne.
Cette révélation de Bloomberg intervient quelques semaines après les accusations espagnoles contre l’Algérie d’avoir imposé la renégociation des prix du gaz exporté vers l’Espagne sous l’influence de la Russie. Le tandem Sanchez-Albares voulait alors jouer la carte du complot russe pour tenter de rallier l’Europe à sa cause. Mais aujourd’hui, ce même gouvernement socialiste n’hésite pas à doubler ses importations de gaz de Russie alors que l’UE recommande à ses Etats membres de les réduire.
D’après l’agence américaine Bloomberg, les données de la société espagnole de la distribution du gaz GRT Enagas montrent que «les importations en provenance de Russie ont atteint 8.752 gigawattheures en juin, soit plus du double du mois de mai et 24% de la demande totale de l’Espagne». En allant plus dans les détails sur les volumes des importations espagnoles durant le mois de juin dernier, soit deux mois après la résolution de la Commission européenne et la deuxième série de sanctions contre la Russie, «les livraisons de l’Algérie ont chuté à 7.763 gigawattheures contre 9.094 gigawattheures en mai, soit environ la moitié du chiffre de juin 2021 et représentant désormais 22% de la demande. Les États-Unis restent le principal fournisseur, avec une part de 30%», rapporte Bloomberg. En effet, les données dévoilées par l’agence américaine affirment que l’Espagne a «reçu près de 8,8 TWh de GNL russe en juin, au-dessus des 7,8 TWh de l’Algérie et juste derrière les 10,6 TWh déchargés des méthaniers américains.»
La directive de la ministre Ribera
Suite à ces révélations, la ministre de l’Energie espagnole, Teresa Ribera, a tenté, hier, une explication qui ne colle pas à la réalité en affirmant que les importations espagnoles en gaz russe, «correspondent probablement aux accords commerciaux précédents». «Le GNL russe représentait 24,4% de l’approvisionnement total en gaz et le GNL américain 29,6%. Cela correspond aux importations russes des années précédentes, a déclaré Ribera, même s’il serait «conseillé» de réduire les arrivées de gaz russe autant que «possible».
En effet, comme c’était trop, la ministre a sommé les entreprises espagnoles de trouver d’autres alternatives au gaz russe, ce qui semble difficile
pour le moment en raison de l’explosion de la demande mondiale sur ce produit énergétique.
L’Espagne sera donc dans l’obligation de trouver à la fois de nouveaux fournisseurs pour répondre à la demande sur son marché marqué par une inflation galopante des prix du gaz et de l’électricité d’une part et de répondre à ces clients européens en particulier.
A.B.