PAR ABDELLAH B.
L’Algérie, fournisseur clé du vieux continent en énergie conventionnelle et qui s’attelle à se positionner sur le marché des énergies nouvelles et renouvelables, joue un rôle crucial dans la reconfiguration de la carte des approvisionnements. Son rapprochement énergétique avec l’Allemagne a suscité les inquiétudes des Espagnols qui craignent de voir leur projet de hub énergétique européen s’évaporer, face à la montée en force de l’Italie.
En effet, l’alliance énergétique entre l’Algérie et l’Allemagne, scellée le 8 février à Alger, confortée par la signature d’un contrat d’approvisionnement en gaz naturel incluant également des investissements dans les énergies nouvelles et renouvelables, a été perçue en Espagne comme étant la signature de l’acte de décès d’un projet de transformation du pays en hub énergétique pour l’Europe, au moment où l’Italie intensifie ses activités pour atteindre cette finalité, en coordonnant à la fois avec l’Algérie et l’Allemagne. Les trois pays sont désormais liés par un projet important pour le transport de l’hydrogène et du gaz naturel, le SoutH2, validé récemment par la commission européenne. Ce rapprochement
algéro-allemand donne naissance donc à la première pièce du puzzle de hub énergétique européen en Italie.
Dans son édition d’hier, le journal espagnol El Confidencial est revenu sur ce sujet en parlant de l’échec des tentatives espagnoles de transformer le pays en plaque tournante de l’Europe. « C’est la première pierre d’un accord qui laisse entrevoir une autre source d’énergie : l’hydrogène renouvelable. Il existe un troisième acteur qui bénéficiera de l’accord et qui joue déjà un rôle très proactif dans la région. C’est l’Italie de Giorgia Meloni, par laquelle doivent passer les pipelines en provenance d’Alger vers la première économie européenne », écrit le journal espagnol El Confidentiel. Selon ce dernier, l’accord entre Alger et Berlin change complètement la cartographie des approvisionnements du vieux continent en gaz naturel dans un premier temps et l’hydrogène vert dans l’avenir. Un accord que la presse espagnole juge favorable à la partie italienne, qui dispose déjà d’une infrastructure de transport et qui jouit de bonnes relations avec l’Algérie, confortée par une coopération énergétique importante. La transformation de ce pays en pôle énergétique européen est de plus en plus perceptible ces derniers temps et conforté d’une part par les accords algéro-italiens sur les augmentations des approvisionnements du gaz naturel pour atteindre 30 milliards de m3 et de l’autre par l’entame de la modernisation des canalisations de transport reliant l’Italie à l’Autriche et l’Allemagne pour les adapter à la fois au transport de gaz dans le moyen terme et l’hydrogène vert en provenance d’Algérie.
De son côté, la presse italienne qualifie cet accord algéro-allemand de bonne nouvelle qui
ouvre la voie à l’Italie de réaliser son projet de positionnement sur le marché énergétique européen. Une place qu’elle disputait à l’Espagne depuis quelques années. « L’Algérie, avec qui Meloni a déjà convenu l’année dernière de construire un deuxième gazoduc pour relier les deux pays. Pendant ce temps, l’Espagne tente de restaurer des relations bilatérales normales avec la république du Maghreb, malmenées depuis que Madrid a reconnu la proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental, ce qui représente un tournant historique dans sa position diplomatique dans la région », explique le journal espagnol.
A. B.
