Ghaza : la fin d’une tragédie

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Par Djilali B.

 

Après quinze mois de bombardements incessants et des milliers de morts, Israël et le Hamas sont parvenus, hier, à une trêve. Laborieusement, la médiation internationale a réussi, avec les pressions du président Donald Trump, à faire accepter aux deux parties un cessez-le-feu.

L’annonce faite hier en fin de journée a satisfait toutes les parties qui attendaient, loin des tiraillements et des intransigeances d’Israël et du Hamas, la fin du drame des Palestiniens et des otages. Les manifestations des familles des otages se sont poursuivies hier à Jérusalem pour réclamer leur libération.

Si les deux camps palestiniens concernés, le Hamas et le Djihad islamique, ont accepté, après concertation, hier, les termes de l’accord présenté par la médiation (Qatar, Etats-Unis et Egypte), le gouvernement Netanyahou a vite montré ses fragilités avec la montée au créneau de ses extrémistes qui ont maintenu jusque-là ce gouvernement dans un équilibre précaire, mais avec l’objectif d’exterminer les Ghazaouis.

Déjà affaibli parce que rattrapé par ses déboire judiciaires, Netanyahou qui a joué la carte des durs du gotha politique israélien qui ont influé sur l’opération militaire devenue une campagne de vengeance, fait face à la fronde de deux poids lourds de son Exécutif, hostiles à l’accord qu’ils considèrent, selon les termes de l’ultra Ben Gvir, comme un accord de «capitulation», appelant son alter ego chargé des finances, Bezalel Smotrich, à démissionner pour faire tomber le gouvernement, et avec lui, l’accord conclu avec le Hamas.

A une semaine de l’investiture du président Trump, il est peu probable qu’Israël continue à montrer ses muscles pour entraver la mise en œuvre de l’accord : la méthode Trump ayant démontré sa «brutale» efficacité, y compris les plus extrémistes du gouvernement dont la survie politique dépend également du soutien américain. «Pas de diplomatie. Pas de langue de bois. La conversation a été brutale», a rapporté la presse israélienne à propos de l’entrevue entre Netanyahou et l’envoyé spécial de Trump pour le Proche-Orient, Steve Witkoff.

Surtout que, comme l’a reconnu l’extrémiste Bazalel Smotrich, il avait déjà contribué à l’avortement d’un accord de cessez-le-feu et pour la libération des otages, qu’il a d’ailleurs rappelé à cette occasion. C’est-à-dire durant la journée d’hier après son entretien avec Ben Gvir. Est-ce pour ainsi dire la fin politique de Benyamin Netanyahou ? Probablement. Parce qu’Israël aura désormais besoin de nouvelles figures pour la prochaine étape qui inclut la poursuite de la normalisation avec les pays arabes et l’arrêt des hostilités.

 

Victoire et échec de Netanyahou

Par ailleurs, les médias ont dévoilé hier quelques clauses de l’accord conclu à Doha entre les deux parties, le Qatar ayant juste indiqué qu’«on était près d’un accord» à la mi-journée. La tendance a d’ailleurs été maintenue jusqu’à l’annonce de l’acceptation de l’accord par la partie israélienne, alors que Hamas avait annoncé, après sa rencontre avec le représentant du Djihad islamique, accepter l’accord. Le retard dans l’annonce de l’accord est dû principalement aux désaccords internes du gouvernement israélien.

Des quelques éléments divulgués par les médias et des responsables palestiniens et israéliens, il en est ressorti que l’accord porte certaines priorités. Il s’agit, bien entendu, des otages pour la partie israélienne, et sans doute du retrait des forces israéliennes de l’enclave et de l’urgence de l’intervention humanitaire. Israël a accepté de laisser les blessés aller se soigner à l’étranger.

Selon des sources israéliennes citées par la presse, le gouvernement votera aujourd’hui favorablement pour cet accord, précisant que Netanyahou l’aurait déjà présenté aux familles des otages.

Le Hamas s’est engagé à respecter l’accord qui stipule la libération de 33 otages en deux étapes ; trois dès l’entrée en vigueur de la trêve, et les autres 40 jours après. Israël devra libérer des centaines de détenus. Cette période verra le retrait des troupes israéliennes de Ghaza, à 700 mètres de la frontière et le retour des Ghazaouis déplacés dans le nord de l’enclave.

Par ailleurs, la Maison Blanche s’est mise de la partie en fin de journée pour donner des détails de l’accord. «L’accord comprend le retrait progressif des forces israéliennes de la bande de Ghaza et la libération des otages détenus par le Hamas en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël», a déclaré le responsable américain à Reuters. La première phase implique la libération de 33 otages israéliens, dont toutes les femmes, les enfants et les hommes de plus de 50 ans.

«Les négociations sur la mise en œuvre de la deuxième phase commenceront le seizième jour de la première phase et devraient inclure la libération de tous les otages restants, un cessez-le-feu permanent et le retrait complet des forces israéliennes de Ghaza», a-t-on indiqué. «Enfin, la troisième phase devrait concerner le retour de tous les corps restants et le début de la reconstruction de Ghaza, supervisée par l’Egypte, le Qatar et les Nations unies», a précisé la Maison Blanche.