Par Djilali B.
Au moins cinquante personnes ont été tuées hier par des tirs de l’armée israélienne contre un centre de distribution de l’aide alimentaire à Ghaza. Elles ont été quatre-vingt avant-hier à mourir dans des raids de l’aviation israélienne contre les habitants de Ghaza. L’on peut poursuivre ce décompte macabre désormais à l’infini avec des prévisions davantage dramatiques tant il est vérifié que l’objectif du gouvernement Netanyahu est l’extermination des Palestiniens pour occuper ce qui leur reste de territoire.
Dans la presse et les médias audiovisuels traditionnels, dits mainstream, le drame de Ghaza qui se poursuit de manière systématique est passé en seconde priorité devant le conflit israélo-iranien. Ce n’est pas tant le souci de ces médias astreints à l’instantanéité devenue leur mode de survie avec ses contrecoups sur l’éthique, les informations étant, globalement, rarement vérifiées, mais la posture des responsables politiques, notamment ceux des pays occidentaux qui avaient affiché une bonne intention de soutenir la solution à deux Etats avec la reconnaissance de l’Etat palestinien.
L’agression israélienne contre l’Iran a vite fait de détourner les regards et l’attention focalisant l’intérêt des médias et des leaders du monde sur cette nouvelle guerre avec des spécialistes, experts et analystes pour gloser sur les modes opératoires, les probables conséquences stratégiques sur la région dans le sillage du projet, ancien, de reconfiguration du Moyen- Orient.
Le président français, Emmanuel Macron, qui avait prévu d’organiser une conférence internationale pour la reconnaissance de l’Etat palestinien, a pris son monde au dépourvu en apportant son soutien « au droit d’Israël de se défendre » alors qu’il est agresseur. Bien entendu, les médias de l’Hexagone suivront ce tempo invitant sur les plateaux « les pauvres citoyens israéliens terrorisés par les missiles iraniens ».
Plus de 50 000 civils palestiniens, dont une majorité d’enfants et de femmes, ont été assassinés par l’armée israélienne, et aucun Palestinien vivant n’a eu, jusque-là, droit de dire un mot dans ces mêmes médias qui s’offusquent que des civils israéliens soient touchés par les frappes iraniennes. Accréditant, sans s’en offusquer, cette fois, que seules les images et vidéos autorisées par l’armée soient diffusées. Le gouvernement extrémiste israélien a imposé un embargo sur l’image pour cacher les dégâts provoqués par les missiles iraniens dans les infrastructures stratégiques, ports, aéroports, station électrique et raffinerie de pétrole qui confirment l’échec du dispositif de défense de l’état hébreu.
Pendant tout ce temps-là, depuis l’arraisonnement de la flottille Free Palestine et la caravane Somoud, les informations sur la poursuite du génocide à Ghaza sont délivrées avec parcimonie. Les massacres quotidiens des Ghazaouis sont relégués dans la rubrique des faits divers, peut-on dire, puisque la majorité des médias leur accordent à peine des instants. Suivent cette tendance, les responsables politiques, partant du dérapage du président français à ses homologues allemand et anglais (ils sont chefs de gouvernements avec rang de président), s’alignent dans une position de soutien à Israël, fournissent un soutien militaire, suivant, peut-on aisément comprendre, une logique d’improvisation, loin d’un quelconque plan stratégique réfléchi. Parce que Ghaza est une urgence et la guerre Israël-Iran les dépasse.