/La crise diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne a franchi un nouveau seuil, hier, suite aux déclarations du ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares, qui a évoqué «une polémique stérile» en réponse aux critiques formulées par le président de la République Abdelmadjid Tebboune à l’égard du revirement historique du gouvernement de Pedro Sanchez, dans le dossier du Sahara Occidental.
Ce à quoi, a répondu hier Amar Belani, l’Envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb au ministère des Affaires étrangères, en affirmant que les déclarations faites par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Alvarez, en réponse à celles du Président Abdelmadjid Tebboune étaient «regrettables et inacceptables».
Albares a tenté d’arranger les choses, mais…
Belani ira encore plus loin en affirmant que «de telles déclarations ne contribueront certainement pas à un retour rapide à la normale dans les relations bilatérales, et le ministre espagnol devra en supporter les conséquences», a-t-il expliqué. Il faut dire que l’Espagne paye déjà très cher la décision de Sanchez de soutenir la proposition marocaine, une telle provocation ne fera que pousser l’Algérie à s’éloigner encore plus de l’Espagne pour se rapprocher d’autres partenaires plus fiables et plus commodes. Selon le responsable algérien, «le ministère espagnol des Affaires étrangères a tenté de rectifier le tir avec la presse espagnole, mais nous avons un enregistrement audio confirmant que le ministre a bien fait des déclarations offensantes qui contredisent la correction et la bienséance protocolaire». Cela prouve que le ministre s’est, soit rendu compte de la gravité de ce qu’il venait de faire, sinon s’est fait réprimander par sa hiérarchie qui lui a demandé d’arranger les choses. Lundi, les médias espagnols ont rapporté les propos de José Manuel Albares dans lesquels il affirmé qu’il ne répondrait pas aux déclarations du président Abdelmadjid Tebboune parce qu’il s’agissait d’une «polémique stérile» et qu’il ne retenait de l’interview de Tebboune que «ses assurances quant à l’approvisionnement de l’Espagne en gaz».
Le revirement de Madrid, «éthiquement et historiquement inadmissible»
Lors de sa rencontre périodique avec les représentants de la presse nationale, le président Tebboune a déclaré que le revirement de Madrid sur la question du Sahara occidental était «éthiquement et historiquement inadmissible», soulignant que le retour à la normale des relations algéro-espagnoles était tributaire de l’application du droit international. «L’Espagne ne doit pas oublier que sa responsabilité est toujours engagée au Sahara occidental, du fait de son statut de puissance administrante du territoire aux yeux du droit international, et ce, tant qu’une solution, quelle que soit sa nature, n’a pas été trouvée à la question du Sahara occidental, une responsabilité que Madrid semble ignorer», a précisé le Président Tebboune. Dans son intervention le président algérien a rappelé, en outre, que l’Algérie a «des liens très forts» avec l’État espagnol et assuré qu’elle «ne renoncera pas à son engagement d’approvisionner l’Espagne en gaz, quelles que soient les circonstances». José Albares qui prend bonne note de «la garantie totale de l’approvisionnement de l’Espagne en gaz algérien et le respect scrupuleux des contrats internationaux» estime qu’il y a toujours un dialogue avec le gouvernement algérien. Aussi, affirme-t-il, il «n’y a rien de plus normal «que l’implication du Haut représentant européen pour les Affaires étrangères, Josep Borell (qui est espagnol et membre du parti socialiste au pouvoir) dans la recherche d’une solution à la crise avec l’Algérie.
A. R.