Guendouzi : «Les craintes pour l’Algérie vont vers la réaction des cours du pétrole»

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Brahim Guendouzi, professeur d'économie : «Il faut favoriser les IDE et cibler les produits semi-finis»

Par R. Akli

 

 

La scène pouvait paraître anodine : Donald Trump exhibant une affiche détaillant les nouveaux tarifs douaniers qu’il compte appliquer à l’ensemble des pays qui commercent avec les Etats-Unis, l’Algérie comprise. Pourtant, les conséquences n’ont pas tardé à se faire ressentir. Dès l’annonce, mercredi dernier, de ces surtaxes plus étendues qu’anticipé, l’économie et la finance mondiales ont commencé à sombrer dans un climat d’incertitude dont nul ne semble encore en mesure de prédire toutes les implications et les bouleversements à venir. Un vent de panique aussi brutal que celui charrié par le récent épisode de la pandémie de Covid-19 semble en tout cas souffler à nouveau sur le commerce et l’économie de la planète. Sauf qu’en la circonstance, c’est en rangs dispersés que le monde s’apprête à y faire face, avec en toile de fond l’écueil d’une grande guerre commerciale qui risque de replonger l’économie mondiale dans une totale récession. Les indices et valeurs boursières, y compris même celles des alliés de Trump, mais aussi les marchés pétroliers et les Bourses de commerce commencent déjà à anticiper les pires scenarii, d’autant que les économies rivales de celle américaine, dont surtout chinoise, semblent également se mettre en ordre de guerre commerciale. Fortes perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales, inflation généralisée, chômage et désinvestissement constituent autant de risques que fait peser en effet le scénario de tirs croisés, à coups de renforcement de barrières tarifaires au commerce, entre l’Amérique et ses grands rivaux économiques. «Nous sommes encore en train d’analyser les conséquences macroéconomiques des mesures douanières annoncées, mais il est manifeste qu’elles font peser un risque important sur les perspectives internationales dans un contexte de croissance atone», déclarait en ce sens la présidente du FMI au lendemain de l’annonce des nouveaux tarifs douaniers américains.

 

 

Guendouzi : «Les craintes pour l’Algérie vont vers la réaction des cours du pétrole»

Outre l’effet direct de la nouvelle surtaxe américaine, portée de près de 19 à 30%, sur la compétitivité de ses exportations à destination du marché américain, les craintes pour l’Algérie, nous explique le professeur d’économie, Brahim Guendouzi, «vont surtout vers la réaction des cours du pétrole brut dont une tendance baissière durable entraînerait un manque à gagner pour l’économie nationale et remettrait en cause les arbitrages économiques et sociaux». La guerre commerciale annoncée risquant toutefois de s’accompagner de fragilités économiques aux Etats-Unis, voire d’une nouvelle guerre des monnaies, une dépréciation du dollar pourrait en revanche amortir la baisse attendue des cours du pétrole puisqu’il s’agit de la monnaie de facturation sur le marché pétrolier international», souligne notre interlocuteur. Selon lui, les répercussions immédiates attendues de la nouvelle politique tarifaire annoncée par le président Trump «touchent en premier lieu le marché pétrolier, et en second le marché des changes avec la valeur du dollar». A terme, conclut-il, «les risques liés à l’inflation, les perturbations des chaînes d’approvisionnement, l’incertitude qui gagne les marchés financiers et les problèmes géopolitiques non encore résolus, menacent de la survenue d’une récession économique mondiale». En somme, la planète toute entière, à commencer par sa première puissance économique, risque de subir de plein fouet l’impact d’une déflagration du commerce mondial, suite à la décision de Trump de surtaxer tout partenaire présentant une balance commerciale qui ne penche pas en faveur de son pays. Une remise en cause unilatérale des principes de libre-échange qui ne manquera sans doute pas d’attiser les tensions géopolitiques en présence et de renforcer, par la même, les idées d’une nécessaire dédollarisation des échanges commerciaux internationaux et d’un indispensable nouvel ordre économique mondial.