/L’intervention de Toufik Hakkar sur le plateau de la télévision algérienne a été une occasion pour le patron de la Sonatrach de rassurer le citoyen algérien mais également l’ensemble des partenaires et futurs partenaires de l’entreprise qu’il dirige.
Dans un premier temps, le n°1 de la Sonatrach a tenu à s’attaquer aux questions de l’heure, avec en premier lieu les garanties qu’il a tenues à clamer haut et fort quant à la capacité du groupe pétrolier algérien de se passer des services de l’ancien gazoduc qui transverse le territoire marocain et dont le contrat prend fin dans une dizaine de jours. «A travers le MedGaz, nous pouvons assurer à notre partenaire espagnol 10,5 milliards de m3 annuels que prévoit le contrat à long terme qui nous lie avec ce partenaire», dira sur un ton rassurant M. Hakkar mettant fin à toutes les spéculations à ce sujet. Au sujet de la politique gazière, le PDG de Sonatrach affirmera que l’Algérie dispose de clients historiques tels que l’Espagne ou l’Italie à travers des contrats longue durée (de plus de 15 ans, selon lui) auxquelles «nous assurons toutes les quantités contractuelles», confiera-t-il, avant d’ajouter que de «toutes les manières, la quasi-totalité de notre production est destiné à ces deux partenaires. Même si pour la première fois, nous avons pu vendre à travers le gazoduc des quantités peu importantes sur le marché spot à un prix oscillant entre 28 et 29 dollars/btu». Le reste des quantités livrées sur le marché spot se fait essentiellement par GNL.
«Privilégier les quantités à long terme»
Des le début de son intervention, Toufik Hakkar confirmera la tendance haussière des prix de l’énergie sur les marchés internationaux. Après la fin des restrictions liées à la pandémie, «il était normal que les prix repartent à la hausse en raison essentiellement de l’augmentation de la demande et de la reconstitution des stocks des pays industrialisés», expliquera-t-il. Néanmoins, il estimera que dans l’intérêt des pays producteurs traditionnels, comme l’Algérie, il est important de ne pas voir «les prix s’envoler». « L’Opep fera tout pour stabiliser les cours autour d’un baril entre 70 et 80 dollars, car au-delà, nous risquons de revoir des quantités importantes de pétrole non conventionnelle inonder le marché provoquant encore une fois une chute drastique des cours», dira le boss de la Sonatrach. Ce dernier louera l’importance d’une organisation comme l’OPEP qui a réussi à faire passer, selon lui, «un baril à 17 dollars en 2020 à un baril à 50 dollars quelques mois plus tard et à plus de 80 actuellement». Au passage, il ne manquera pas de traiter «d’inconscient» tous ceux (Ait Laoussine entre autres) qui souhaitaient la sortie de l’Algérie de cette organisation. Concernant le marché gazier, M. Hakkar a confirmé que la compagnie peut tout à fait bénéficier de la hausse des prix du gaz sur le marché mondial «sans toutefois indexer nos prix sur ceux du marché spot». Selon lui, «nos contrats à long et moyen termes contiennent des clauses qui nous donnent l’opportunité de réviser les prix tous les trois ou quatre ans, selon la nature du client et du contrat», ajoutant que les prix peuvent être révisés dans l’intérêt de l’Algérie et de Sonatrach dans des contextes exceptionnels du marché, comme c’est le cas actuellement.
«Nous ne pouvons pas nous orienter vers des prix à court terme en prenant le risque de perdre un client historique de l’Algérie, qui acquiert des volumes importants allant de 8 à 10 milliards m3/an et qui pourra se diriger par la suite vers d’autres fournisseurs», a-t-il argumenté.
«Aucune demande d’augmentation pour le moment»
Concernant les capacités de production algérienne, M. Hakkar invitera les observateurs à se référer aux publications spécialisés qui ont toutes confirmé les réelles capacités algériennes pour la fourniture en gaz et en pétrole envers la clientèle traditionnelle. Pour le pétrole, «nous pouvons atteindre les 1,1 million de barils/jour et si nous sommes actuellement à 950.000 barils/jour, c’est uniquement pour stabiliser les cours», expliquera-t-il. Concernant le gaz, le PDG de Sonatrach informera l’ensemble des acteurs du marché que son entreprise dispose de capacités supplémentaires de production notamment en GNL. «Nous pouvons livrer en 24h», dira-t-il à ce propos. Seulement, il conseillera aux clients historiques de l’Algérie de se manifester au plus tôt car pour le moment, et ce, malgré la crise qui pend au nez des européens, «aucun d’entre eux ne nous a sollicité pour le moment.»
Enfin, Hakkar n’a pas manqué de révéler quelques chiffres qui sont, pour le moins, rassurants. Ainsi, il indiquera que les réserves algériennes de ressources gazières non conventionnelles couvrent 150 ans de consommation, sur le marché national et en termes d’exportation. S’agissant de la valeur des hydrocarbures exportés par Sonatrach durant l’année 2021, elle s’élève à 25 milliards de dollars au 9 septembre
dernier, selon le PDG qui prévoit la hausse des revenus d’exportation à 33
milliards de dollars à la fin de l’année en cours.
C. S.