PAR NABIL M.
Face aux fluctuations des prix et aux pratiques spéculatives de certains commerçants, l’Etat a décidé de réagir dans un effort visant à protéger le pouvoir d’achat du citoyen.
Ainsi, le ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national a décidé d’intervenir pour encadrer les tarifs des produits de large consommation, qui connaissent une flambée insistante et injustifiée sur les étals des marchés.
Une note officielle, adressée aux Directions du commerce des différentes wilayas, appelle désormais au respect des prix avec des tarifs plus ou moins accessibles sur plusieurs denrées alimentaires, dans un souci de justice sociale et de préservation du pouvoir d’achat des Algériens.
Selon la directive ministérielle, relayée par plusieurs médias nationaux, les opérateurs économiques sont tenus de respecter des prix maximum pour certains produits agricoles, notamment pour les pommes de terre à un prix maximum de 100 DA/kg, la banane à 400 DA/kg et les pommes, entre 350 et 450 DA/kg. Par ailleurs, les gérants de cafétérias sont invités à ne pas dépasser 30 DA la tasse de café, une mesure destinée à éviter les surfacturations abusives.
Cette initiative s’inscrit dans une campagne de sensibilisation lancée par les autorités pour inciter les commerçants à ajuster leurs tarifs en fonction des baisses constatées à la source. «Nous ne sommes pas encore dans une logique de sanctions, mais plutôt dans une phase d’explication et d’accompagnement», a précisé à «L’Algérie Aujourd’hui» une source proche du ministère du Commerce.
Une régulation nécessaire face aux distorsions du marché
Les services du ministère ont constaté des dysfonctionnements persistants dans la fixation des prix. «Pour la viande rouge, par exemple, les prix des ovins ont baissé, et les importations sont disponibles en grandes quantités. Pourtant, les boucheries maintiennent des tarifs élevés», déplore la même source.
Cette situation, contraire aux lois du marché où l’offre et la demande devraient naturellement réguler les prix, révèle selon le ministère une volonté de certains commerçants d’imposer leur propre logique économique. «Certains acteurs profitent de la situation pour maintenir des marges excessives, alors que l’Etat subventionne déjà de nombreux produits de première nécessité», souligne-t-on.
Selon notre interlocuteur, le ministère dispose d’une direction de veille des marchés, chargée de surveiller les évolutions tarifaires. «Nous avons noté que les prix ont baissé en gros, mais pas en détail. Cela signifie qu’il y a une défaillance dans la chaîne de distribution», explique notre source.
Si, pour l’instant, les autorités privilégient la sensibilisation plutôt que la répression, la loi prévoit des sanctions sévères en cas de spéculation avérée, pouvant aller jusqu’à des peines de prison et de lourdes amendes. «Nous avons déjà stabilisé le marché pendant le Ramadhan, mais la vigilance reste de mise», rappelle notre source.
L’Etat déterminé à faire respecter ses règles
Le message du ministère du Commerce intérieur est clair. L’Etat ne laissera pas les lois du marché être dictées par quelques acteurs économiques. «Tout produit dont le prix baisse à la source doit voir sa valeur diminuer en détail. C’est une question de transparence et d’équité», insiste-t-on.
Cette intervention étatique s’inscrit dans une politique plus large de protection sociale, incluant les subventions et les transferts sociaux, dont l’impact doit être visible dans le quotidien des citoyens. «L’Etat dépense des milliards pour soutenir le pouvoir d’achat. Il est normal qu’il veille à ce que ces efforts ne soient pas annulés par des augmentations injustifiées», conclut notre source.
Avec ces mesures, les pouvoirs publics réaffirment leur engagement en faveur d’un marché régulé et équitable, où la spéculation ne doit plus dicter le prix des denrées essentielles. Reste à voir si cette approche, combinant pédagogie et fermeté, parviendra à infléchir durablement ces pratiques.