Par Delloula Morsli
C’est avec une profonde consternation que le monde de la musique algérienne a appris le décès de l’illustre chanteur d’expression kabyle, Hassen Abassi, survenu avant-hier à l’hôpital de Tizi Ouzou à l’âge de 80 ans. Son enterrement a eu lieu le jour même au cimetière de M’douha.
Né en 1944 dans le village d’Ath Abbas en Kabylie, Hassen Abassi, de son vrai nom Amar Medjkane, s’est passionné pour la musique dès son jeune âge. Ses débuts dans la chanson remontent aux années 1960, marqués par des cours de solfège auprès d’un coopérant français à Tizi Ouzou, suivis d’une formation autodidacte nourrie par sa persévérance, son amour pour la musique et ses rencontres avec des artistes renommés comme Chérif Kheddam et Kamel Hamadi.
Hassen Abassi n’a pas embrassé la musique dans un but lucratif, mais plutôt par une volonté profonde d’expression et d’engagement. Ses chansons, empreintes de poésie, abordent des thèmes variés, de la célébration de sa Kabylie natale dans « Cbaḥa t’murt-iw » à la critique sociale dans « A si flen » et « Zwaj youɣal d-tjara », en passant par des réflexions philosophiques dans « Ah ya ddunit ».
Malgré son succès grandissant, Hassen Abassi a surpris son public en décidant de se retirer de la scène musicale en 1975. Les raisons de ce choix restent floues, évoquées par l’artiste comme un ensemble de facteurs plutôt qu’un événement précis. Une tentative de retour en 1980 avec un nouvel album n’a pas abouti. D’ailleurs, il se confia à ce sujet à Lounis Aït Menguellet dans un entretien publiée dans la revue Passerelles en 2007 : “Il n’y a aucune raison particulière mais plutôt un ensemble de choses qui se sont additionnées et qu’il serait fastidieux d’énumérer… Nul ne sait ce que l’avenir lui réserve et il n’est pas impossible que l’envie de chanter me reprenne, qui sait ?” Ce ne fut pas le cas, Hassen Abassi était par ailleurs un médecin anesthésiste dévoué. Il a exercé pendant de nombreuses années au CHU Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou.
Bien que sa carrière musicale ait été relativement courte, Hassen Abassi a laissé une empreinte indélébile dans la chanson kabyle. Ses compositions engagées et poétiques continuent d’être appréciées et reprises par les générations d’artistes qui lui ont succédé. Comme il le disait lui-même : “Je pense être en phase avec ceux qui affirment que les artistes sont les observateurs et les témoins de leur époque. J’avais chanté mon époque telle qu’elle m’apparaissait, telle que je la vivais.” Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches. Que son âme repose en paix.
D.M.