Hôte de la COP29 : l’Azerbaïdjan dans la continuité du Gecf

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Par M. Mansour

Alors que l’Azerbaïdjan se prépare à accueillir le monde pour la COP29, le pays doit entreprendre la définition des objectifs et des orientations de cet événement. En qualité d’hôte de la conférence, l’Azerbaïdjan a, dès à présent, affirmé sa posture en faveur des pays producteurs de gaz et de pétrole, tout en admettant l’impératif d’agir face au changement climatique. Ainsi, la COP29 s’engage à équilibrer les prises de position exprimées lors de la précédente COP28 à Dubaï, où une véritable guerre sémantique a été menée par les pays développés, afin de faire admettre une solution passant par une «sortie» des énergies fossiles, sans pour autant proposer des alternatives viables aux économies dont le modèle est fortement dépendant des hydrocarbures, ni accorder des aides substantielles aux nations les plus durement touchées par les effets du réchauffement climatique.

Il est de notoriété publique que les conférences des nations unies sur les changements climatiques (COP) ont évolué en des arènes où s’affrontent des acteurs aux intérêts souvent divergents. Parmi ces acteurs, les lobbys jouent un rôle essentiel dans le processus décisionnel. Lors de la COP 28, les pays développés qui intègrent dans leurs délégations officielles des représentants de lobbys ont exercé des pressions considérables pour promouvoir la sortie des énergies dites «fossiles» d’ici 2050.

Les lobbys à l’affût

Profitant des effets de cette nouvelle orientation, le lobby du nucléaire, mené par la France, a réalisé une véritable percée en s’appuyant sur un bloc de 22 pays ayant annoncé leur volonté de tripler leurs capacités nucléaires d’ici la même échéance, avec notamment le concours de la France, des États-Unis et du Japon.

Ainsi, malgré l’acharnement médiatique dénonçant les 2456 lobbyistes des énergies fossiles accrédités lors de la conférence de Dubaï, peu de médias se sont attardés sur l’offensive menée par les lobbys nucléaire et charbonnier, pourtant tout aussi néfastes pour la planète que les énergies fossiles. Grâce à des pressions sans relâche, les partisans du retour vers l’énergie nucléaire ont obtenu au début gain de cause, dans la mesure où celle-ci a fini par être intégrée dans le texte de l’accord final de la COP, reconnaissant ainsi officiellement le nucléaire comme une solution de décarbonation, marquant ainsi la fin d’un tabou.

Il faut cependant reconnaître que cette énergie a connu un regain d’intérêt à l’échelle mondiale, avec des prévisions de l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), indiquant au moins un doublement de la capacité nucléaire installée d’ici 2050, ce qui la place en concurrence directe avec les producteurs de gaz naturel, eux aussi détenteurs du label vert.

La COP 29, où le défi de rééquilibrage

Dans ce contexte, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a exprimé que, malgré la supervision de son pays des négociations entre près de 200 nations sur la manière de mobiliser davantage de financements pour lutter contre le changement climatique et réduire les émissions de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement planétaire, lors de la COP 29 qui se tiendra dans son pays, il soutiendra le droit des pays producteurs de gaz à maintenir leurs investissements et leur production.

Lors d’un discours prononcé en marge d’une conférence sur le climat à Berlin, hier vendredi, le président azerbaïdjanais a affirmé que son pays, en tant qu’hôte du prochain sommet, défendrait le droit des pays producteurs d’hydrocarbures à maintenir leurs investissements dans ce secteur. Cette déclaration survient, rappelons-le, dans un contexte de pressions croissantes visant à réduire la dépendance mondiale aux énergies fossiles et à atténuer les effets du changement climatique au détriment des intérêts de certains pays dont les économies ne supporteront pas une transition aussi brutale.

Les négociations sur le climat face aux réalités économiques et géopolitiques

A la tête d’un pays confronté à cette réalité, le président azerbaïdjanais a souligné que malgré les objectifs climatiques ambitieux, la demande en combustibles fossiles demeure forte à l’échelle mondiale. « Nous défendrons, bien entendu, le droit de ces pays à poursuivre leurs investissements et à maintenir leur production, car le monde en a besoin », a-t-il affirmé non sans conviction.

Dans la même optique, M. Aliev a mis en exergue l’importance de la solidarité entre les nations productrices de gaz et de pétrole et celles s’efforçant de réduire leurs émissions, en réaffirmant la nécessité pour ces pays de prendre une part active dans la transition vers des sources d’énergie plus durables. On remarquera d’ailleurs que ces déclarations convergent totalement avec la déclaration d’Alger, sanctionnant le 7e sommet du forum des pays exportateurs de gaz (Gecf), auquel l’Azerbaïdjan a participé, notamment en ce qui concerne les contributions du gaz naturel à la lutte contre les changements climatiques et son importance pour favoriser des transitions énergétiques justes, équitables, ordonnées, inclusives et durables, tout en tenant compte des circonstances, des capacités et des priorités nationales.

Par conséquent, l’Azerbaïdjan a annoncé son intention d’accroître ses exportations de gaz naturel vers l’Europe pour répondre à une demande croissante. Aliev a affirmé que cette initiative témoignait de la responsabilité de son pays dans la transition énergétique, tout en soulignant l’impératif pour l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz dans un contexte géopolitique en mutation.

M.M.