Par Abdellah B.
La démarche entreprise par l’Algérie en faveur du développement à grande échelle de ses capacités de dessalement de l’eau de mer a un objectif à double vocation. Il s’agit de la lutte contre le stress hydrique et du renforcement de la production énergétique du pays, qui sont désormais les objectifs stratégiques du programme national de dessalement de l’eau de mer.
L’attribution à la Sonatrach des travaux de réalisation de la partie la plus importante de ce programme n’est pas fortuite. Les stations de dessalement de l’eau de mer font également partie de la chaîne de valeur de la production de l’hydrogène vert. Ce qui donne d’ailleurs à ce programme un caractère stratégique, car il combine entre trois secteurs sensibles, à savoir les ressources en eau, l’énergie et les mines. Dans ce sens, en plus de la production de l’eau potable, l’Algérie s’appuie sur les stations de dessalement de l’eau de mer dans la mise en œuvre de son programme ambitieux de production d’hydrogène vert d’ici à 2040. D’après le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, «en plus de la production de l’eau potable, ces installations seront intégrées dans la production de l’hydrogène vert, en contribuant à la transition énergétique du pays».
En effet, dans sa stratégie nationale de développement de l’hydrogène vert, le procédé de production par électrolyse prendra une part essentielle de la future industrie de l’hydrogène vert. C’est d’ailleurs l’un des objectifs escomptés de la nouvelle démarche dévoilée par le département de l’énergie qui avance un taux de 30% de la part des énergies renouvelables dans l’approvisionnement des stations de dessalement en énergie dans le cadre des préparatifs du lancement de la production de l’hydrogène. De ce fait, le recours au dessalement de l’eau de mer est un passage obligé pour l’approvisionnement des électrolyses en eau, d’après des spécialistes. L’argument avancé est que l’eau purifiée évite la dégradation des électrodes lors de la séparation de l’eau en hydrogène et en oxygène. Dans ce sillage, l’Algérie continue à travailler sur le développement de ses capacités de production de l’eau dessalée avec le lancement en 2026 de six nouveaux projets. Actuellement, 19 stations de dessalement sont en activité au long de la région côtière du pays, soit une capacité de production de 3,7 millions de m3 par jour, soit 42% de la demande nationale, d’après les chiffres du ministre de l’Energie.
Lithium
Par ailleurs, les stations de dessalement de l’eau de mer pourront également contribuer au développement de plusieurs filières dans le secteur des mines, selon le premier responsable du secteur. Selon ce dernier, les stations de dessalement approvisionneront le secteur des mines en saumure, qui est une matière première pour la production de nombreux produits miniers. Il cite, dans ce sens, la filière du lithium dont l’Algérie compte mettre en évidence sa richesse. «La stratégie vise également à intégrer davantage les énergies renouvelables dans le processus de dessalement, à exploiter la saumure issue du dessalement pour l’industrie minière comme le lithium, élément essentiel à la production de batteries», explique-t-il.