PAR BRAHIM AZIEZ
Le dégel semble de nouveau se profiler à l’horizon dans les relations algéro-françaises, à la lumière de l’appel téléphonique reçu hier par Abdelmadjid Tebboune de son homologue français Emmanuel Macron. Une communication au cours de laquelle ils ont évoqué les relations bilatérales et les questions de dimension régionale et internationale. L’occasion pour le président de la République algérienne d’exprimer sa profonde préoccupation face à l’évolution de la situation en Palestine occupée, notamment à Ghaza.
Les deux présidents ont également évoqué les perspectives économiques communes qui profitent aux deux pays, notamment l’agriculture, l’énergie, les terres rares et l’industrie ferroviaire. Ce dernier créneau vient de surgir dans les perspectives de partenariat entre les deux pays, puisque ne figurant pas dans la déclaration d’Alger signée en 2022 par les deux présidents. Les deux chefs d’Etat se sont mis d’accord par ailleurs sur la visite officielle que Abdelmadjid Tebboune effectuera en France, qui devra avoir lieu entre la fin du mois de septembre et le début d’octobre, la date officielle devant être déterminée ultérieurement.
5 points d’achoppement
Programmée pour mai 2023, la visite du président algérien en France a été plusieurs fois reportée. Fin décembre 2023, le ministre des affaires étrangères Ahmed Attaf avait affirmé que « cette visite fait toujours l’objet de préparatifs », précisant que « celle-ci dépend de l’état d’avancement des cinq dossiers devant être au menu, dont celui de la mémoire, la mobilité des personnes et les essais nucléaires français dans le Sahara ». Le ministre algérien des affaires étrangères avouait alors dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera : « En toute sincérité, les conditions de cette visite ne sont pas idoines. » Les choses semblent avoir évolué ces derniers temps.
On se rappelle que la déclaration du président français Emanuel Macron, sur l’histoire de l’Algérie, quelque temps après sa visite à Alger, avait attisé le courroux d’Alger. Il y a eu ensuite l’affaire dite de « l’exfiltration » de Amira Bouraoui, qui a d’abord rejoint clandestinement la Tunisie, avant de prendre l’avion, avec l’aide de l’ambassadeur de France à Tunis, pour se rendre en France, qui a jeté un nouveau coup de froid sur les relations entre les deux pays. Et il a fallu attendre le mois de mars 2023 pour que les présidents Tebboune et Macron lèvent « les incompréhensions » liées à ces affaires. Lors d’un entretien téléphonique, les deux hommes avaient convenu aussi de renforcer les canaux de
communication (…) pour éviter que ne se renouvelle ce type de malentendus regrettables.
Les responsables des deux pays ont, depuis, entamé les préparatifs de la visite de Tebboune à Paris, prévue initialement en mai 2023, puis en juin de la même année, et qui n’a finalement pas eu lieu. Un dégel semble ainsi se profiler à l’horizon, au vu des échanges enregistrés ces dernières semaines.
Dernièrement, la secrétaire générale du ministère français de l’Europe et des affaires étrangères, Anne-Marie Descôtes, est arrivée le 28 février dernier à Alger dans le cadre d’une visite officielle. La diplomate française a eu des échanges avec son homologue algérien Lounès Magramane, au cours desquels ils ont passé en revue les relations bilatérales dans leur ensemble, et les perspectives de renforcement de la coopération entre les deux pays. Il faut rappeler que la visite de la numéro 2 du Quai d’Orsay en Algérie est la deuxième du genre en moins d’une année. Anne-Marie Descôtes s’était déjà rendue à Alger en avril 2023. A l’époque, il avait été question de la préparation de la visite de Abdelmadjid Tebboune à Paris, programmée pour le mois de mai de la même année, avant d’être renvoyée sine die. Un peu plus tôt, le conseil du renouveau économique était invité en France où des séances de travail avec le Medef (mouvement des entreprises de France) ont ponctué la participation du conseil d’affaires algéro-français à la 15e édition des
rencontres Algérie, organisées par Business France du 5 au 7 mars à Paris, Lyon et Marseille.
Qu’en est-il de la déclaration d’Alger 2022 ?
Et pourtant, en août 2022 à Alger, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron avaient convenu d’ouvrir une nouvelle page, une année après la grave crise diplomatique suscitée par des propos du chef de l’Etat français sur l’histoire de l’Algérie. Tebboune et Macron, qui était en visite de 3 jours à Alger, avaient signé la « déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé entre l’Algérie et la France ». Dialogue politique, histoire et mémoire, dimension humaine et mobilité, partenariat économique, transition énergétique, coopération éducative, scientifique, culturelle et sportive et enfin jeunesse étaient au menu.
B. A.
