Il occupe une place importante dans les programmes électoraux des trois candidats : Le développement industriel au cœur de la campagne

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Il occupe une place importante dans les programmes électoraux des trois candidats : Le développement industriel au cœur de la campagne

Par R. Akli

La poursuite des efforts de relance et de développement du secteur industriel fera sans doute partie des défis économiques majeurs du prochains quinquennat. Longtemps grippée et sans boussole, la machine industrielle nationale a commencé ces quelques dernières années à se remettre graduellement en marche, affichant des performances positives et contribuant de plus en plus à tirer la croissance économique globale du pays. Pour autant, son apport au produit intérieur brut (PIB) et ses niveaux d’intégration, bien qu’ayant connu une relative amélioration, restent encore bien en deçà des seuils requis pour amorcer pour ainsi dire un véritable sursaut industriel. Baramoètre essentiel pour mesurer le degré de diversification de l’économie nationale et son potentiel d’insertion dans les chaînes de valeurs internationales, le développement de l’industrie nationale occupe ainsi une place importante dans les programmes électoraux des trois candidats à la présidentielle du 7 septembre, chacun d’entre eux s’engageant à mettre en place de nouvelles stratégies à même d’accélérer le «réveil industriel» du pays.

 

Aouchiche : miser sur les filières à haute valeur ajoutée

 

Prioriser l’investissement dans les industries sidérurgiques, métallurgiques, mécaniques, électriques, électroniques, agroalimentaires et chimiques est l’un des principaux axes qui sous-tend le projet de «nouvelle politique industrielle» prôné par le candidat du FFS, Youcef Aouchiche. A travers son programme en vue de l’élection présidentielle, le candidat s’engage «à favoriser le développement des chaînes de valeur locales et des industries de substitution pour réduire la dépendance aux importations et augmenter le taux d’intégration industrielle locale». Comme point de départ, le candidat prévoit d’organiser «des états généraux de l’industrie» pour mettre en place, explique-t-il, «des comités stratégiques de filières, réunissant les professionnels du secteur, les organisations syndicales et les pouvoirs publics, afin de faciliter les échanges et renforcer la compétitivité des différentes filières». En guise d’actions à mettre en place, il propose entre autres d’opérer une réorganisation des entreprises publiques, de dépénaliser l’acte de gestion et de s’appuyer essentiellement sur le secteur des énergies et des mines comme levier pour soutenir les autres secteurs. En outre, il évoque la création d’un fonds souverain alimenté par les revenus du pétrole et du gaz pour investir dans divers secteurs, tout en œuvrant à diversifier les activités pétrochimiques (engrais, ammoniac, urée, méthanol, hydrogène vert) et à réduire la dépendance aux importations d’intrants pour les industries prioritaires. De même, le candidat s’engage à soutenir la sous-traitance pour améliorer les taux d’intégration industrielle, ainsi qu’à booster le développement de l’industrie automobile pour susciter un effet d’entraînement sur les autres filières. Tout exhaustif qu’il est, le projet de «révolution industrielle» d’Aouchiche, faut-il l’observer, se confine davantage dans des objectifs, certes essentiels, mais qui semblent peu adossés à des projets de mesures précises en vue de leur concrétisation.

 

Tebboune : accroître les taux d’intégration et porter la contribution de l’industrie au PIB de 5 à 15%

 

De son côté, le candidat indépendant Abdelmadjid Tebboune met surtout l’accent dans sa stratégie de développement industriel sur la nécessité d’accroître au maximum les taux d’intégration locale, notamment dans les filières électronique, électroménager, automobile et agroalimentaire, avec en toile de fond une vision globale ancrée sur le nécessité de réduire la dépendance du pays aux importations. Durant son premier mandat, des progrès ont été enregistrés dans diverses filières, telles que les industries sidérurgiques, minières, pétrochimiques, pharmaceutique et autres, bien que celles manufacturières restent encore à développer et continuent surtout à être hautement tributaires des importations d’intrants. A son actif également, des taux de croissance industrielle positifs et en constante évolution durant ces trois dernières années, y compris dans le secteur public, ainsi que des perspectives prometteuses de mise en place d’une industrie automobile nationale en rupture avec les logiques désastreuses de montage et d’assemblage pur et simple qui avaient prévalu durant la décennie précédente. En termes d’actions majeures à court et moyen termes, la stratégie industrielle du président-candidat prévoit notamment un renforcement de l’existant à travers la réforme du secteur public marchand, la promotion de l’investissement dans de nouvelles filières porteuses et l’encouragement de projets de partenariat et de colocalisation avec des investisseurs étrangers pouvant apporter un savoir-faire technologique. Tels que déclinés à travers la feuille de route du secteur, les objectifs assignés à cette stratégie sont de porter la contribution de l’industrie nationale au PIB de 5 à 15% dans les années à venir et d’accroître en parallèle ses niveaux d’intégration à 30 ou 40%, contre10% actuellement. Reste que, pour le candidat Tebboune, le principal défi à relever demeure sans doute la mise en place d’une réforme efficiente du secteur public en le mettant réellement sous performance afin de rompre avec les logiques d’assainissement financier et de renflouement perpétuel des trésoreries d’entreprises étatiques.

 

Hassani Cherif : porter à un million le tissu de PME

 

Pour le candidat du MSP, Hassani Cherif Abdelali, l’objectif mis en avant pour le secteur industriel est de porter à 12% le niveau de sa contribution au PIB. Le candidat, qui promet de faire grimper le produit intérieur brut à 450 milliards de dollars et de ramener en parallèle le taux chômage à 5%, prévoit d’asseoir sa stratégie de développement industriel sur diverses mesures, dont notamment l’étoffement du tissu national de petites et moyennes entreprises (PME) pour porter leur nombre à un million, dont 10% pour les activités de transformation. Le candidat propose également «l’adoption d’un système national de management du secteur public», «l’encouragement de partenariats à transfert technologique», ainsi que la mise en place d’une industrie automobile pour réaliser, précise-t-il à travers son programme électoral, «un projet national de fabrication de véhicules d’origine algérienne». Dans ce sillage, il s’engage également à mettre en place «une base industrielle assurant conception et fabrication, avec un taux d’intégration initial de 25%», tout en initiant de nouvelles mesures incitatives pour la création d’une filière de sous-traitance et de production de pièces détachées avec un taux d’intégration initial de 50%. Sont proposées par ailleurs «l’adoption d’une plateforme nationale intégrée de ressources      et activités minières», «le renforcement des capacités d’exploration et l’intégration du secteur privé hors carrières», «l’interdiction de l’exportation de ressources minières brutes et la libéralisation des procédures de financement des investissements miniers», ainsi que «la stimulation des activités de transformation» et «la révision du système des groupes économiques et des participations de l’Etat». Bien qu’axé sur des mesures ciblées, le projet du candidat du MSP, faut-il le relever, reste en défaut sur les échéances et les modes opératoires à mettre en place pour accélérer la relance industrielle, d’autant qu’il s’engage sur des objectifs élevés en termes d’intégration et de contribution de ce se secteur au PIB.