Il y a 9 ans, nous quittait Assia Djebar, une voix majeure de la littérature algérienne francophone

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Femme de lettres accomplie, elle était romancière, nouvelliste, poétesse, dramaturge, cinéaste et historienne. Son œuvre, riche et diverse, lui a valu de nombreuses reconnaissances internationales, dont le Neustadt International Prize for Literature en 1996 et le prix de la paix des libraires allemands en 2000.

PAR DELLOULA MORSLI

Assia Djebar est née en 1936 à Cherchell, près de Tipaza. Dès 1956, alors qu’elle était étudiante en France, FatimaZohra Imalhayène, de son vrai nom, s’est affirmée comme une femme sensible et une militante pour la cause nationale. Elle manifeste son engagement en participant à la grève lancée par l’union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA).

Une vie dédiée à la littérature

Exclue de l’école normale supérieure des jeunes filles pour son engagement en faveur de la cause nationale, elle publie chez les éditions Julliard, en 1957, son premier roman « La soif », qui sera suivi des « Impatients » en 1958. En juillet 1962, elle retourne en Algérie et devient enseignante de l’histoire moderne et contemporaine à l’université d’Alger. Cette même année, elle publie deux romans importants, « Les enfants du nouveau monde » et « Les
alouettes naïves », qui s’inscrivent dans le contexte de la guerre de libération nationale. Son œuvre est prolifique et compte plusieurs titres à succès, à l’image de « Femmes d’Alger dans leur appartement » (1980), « L’amour, la fantasia » (1985), ou encore « La Femme sans sépulture » (2002). Sa littérature a traversé les décennies et lui a valu, le 16 juin 2005, le cinquième fauteuil de l’académie française.

Elle devient ainsi la première écrivaine nord-africaine à rejoindre les « immortels » de cette institution prestigieuse. Assia Djebar a été récompensée par des prix internationaux pour la plupart de ses œuvres romanesques, à commencer par « La soif » en 1962 et en terminant par « Nulle part dans la maison de mon père » en 2007. Son talent a également été salué par de nombreuses universités en Allemagne, en Autriche et au Canada, qui lui ont décerné des honneurs.

Le cinéma, une seconde langue C’est à la fin des années 1970 qu’elle se tourne vers le cinéma avec la réalisation de deux films « La Nouba des femmes du mont Chenoua », qui a obtenu le prix de la critique internationale à Venise en 1979, puis « La Zerda ou les chants de l’oubli », qui remportera le prix du meilleur film historique au festival de Berlin en 1983.

C’est en effet un nouveau langage que découvre Assia Djebar à travers le septième art et qu’elle appelle « l’image-son ». Ce qui compte pour elle, c’est moins ce qu’on regarde sur l’écran que le propos en luimême : « Peupler l’écran d’un regard flou, dit-elle, mais porté par une voix pleine. » Assia Djebar a marqué de son empreinte l’histoire littéraire et sociale de l’Algérie.

Son combat pour l’émancipation des femmes et son talent littéraire exceptionnel la placent au rang des figures les plus importantes de la culture algérienne contemporaine. En sa mémoire, un prix littéraire portant son nom a été créé quelques mois après sa disparition, le 6 février 2015. Il récompense chaque année les meilleurs romans écrits dans les trois langues : arabe, tamazight et français.

D. M.