Ils comptent sur la classe politique et la population pour faire face aux manœuvres « néocolonialistes » : Les putschistes ferrés à l’avènement d’un nouvel ordre au Sahel

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Ils comptent sur la classe politique et la population pour faire face aux manœuvres "néocolonialistes" : Les putschistes ferrés à l'avènement d'un nouvel ordre au Sahel

PAR DJILALI B.

Soutenus par les populations, les putschistes s’engagent à remettre le pouvoir aux civils à l’issue des transitions. Des transitions qui font face à des manœuvres de déstabilisation et de perturbation. La France, qui consomme l’échec de sa politique africaine dans la région, entrevoit un effondrement qui fait d’ailleurs, est-il espéré, entrevoir son retour en sauveur qu’elle prétend avoir été.

C’est un homme trop sûr de lui et surtout prompt à transformer l’échec de son pays dans la sous-région sous son contrôle pendant plus d’un demi-siècle, qui prédit l’effondrent du Sahel… qui s’est enfin affranchi en partie de sa tutelle. Lui, c’est le ministre français des armées Sébastien Lecornu, qui s’est livré à un exercice de blanchiment de la France de ses méfaits dans la région du Sahel. La France qui a été un facteur de stabilité et d’élimination de la menace terroriste, selon lui.

Devant le désastre que la France chassée des pays de la région, le premier responsable des légionnaires stationnés dans ces pays considère que la France n’a pas échoué. Il ne s’agit pas pour Lecornu d’un échec de la politique française au Sahel. Il prédit un échec sécuritaire pour les juntes qui s’appuient sur le groupe russe Wagner, estimant que la France était la solution. Sans en donner le prix, bien sûr.  Un bilan que contestent les nouveaux maîtres d’Ouaga, de Bamako ou encore de Niamey. A Ouagadougou et à Bamako, on accuse la France d’orchestrer les attentats et les tentatives de coup d’Etat.

Manœuvres de déstabilisation

Une manière de renvoyer la France et ses responsables, comme Lecornu dont le propos est pris, sous un autre angle, pour servir de preuve de l’implication française dans ce soudain regain d’insécurité qui a coïncidé avec le départ des troupes françaises, notamment du Burkina Faso et du Mali.

« Il a suffi qu’on nous invite à partir pour que le terrorisme reprenne », a indiqué le patron des armées françaises dans un entretien repris par les médias. Et de faire dans la statistique macabre avec le bilan sécuritaire post-retrait français qui a connu un regain des activités terroristes. 2500 morts au Burkina alors que le Mali est au bord de la partition.  Prédisant le même sort pour le Niger.

Pour le Mali, est signalé un groupe terroriste qui a attaqué un bateau transportant des civils qui allaient à Tombouctou. Les médias français évoquent régulièrement, et jusqu’à hier, un blocus de la ville historique, allégé ce samedi, selon Le Monde. Idem pour les groupes du nord qui ont soudainement décidé de reprendre les armes pour attaquer les positions de l’armée régulière, dans une tentative d’inspiration et aux objectifs douteux, d’enterrer l’accord d’Alger conclu entre les groupes rebelles du nord et le gouvernement malien en juin 2015.

Deux composantes essentielles du bloc de signataires regroupés dans la CMA se sont désolidarisés et pris leurs distances de ce groupe qui a repris les armes. Bamako tout comme Ouagadougou accusent la France d’être derrière ces manœuvres de déstabilisation.

Les juntes ayant pris le pouvoir au nom du rétablissement de la souveraineté se sont engagées à respecter la durée d’une transition durant laquelle de nouveaux instruments seront mis en place pour établir le respect de la volonté populaire, dont de nouvelles constitutions issues d’une large consultation politique à soumettre au référendum, l’organisation d’élections présidentielles. Et ce qui a le plus affecté, sans doute, le contrôle de la France sur ces pays ressources et dirigeants, la révision des accords conclus après les indépendances ou reconduits par les dirigeants déchus.

Une large lézarde dans l’édifice Cédéao

Le pacte sécuritaire signé par le Burkina, le Mali et le Niger inaugure une large lézarde dans l’édifice Cédéao. Cette désolidarisation se poursuivra avec le mouvement de dénonciation de la monnaie commune, le franc CFA, lui aussi sous le contrôle de la banque de France et dont la valeur varie selon qu’il circule en Afrique de l’ouest ou en Afrique centrale.

A charge aujourd’hui aux militaires qui ont pris le pouvoir de mener à terme la transition, d’organiser des élections présidentielles pour remettre, comme ils ont pris engagement, le pouvoir aux civils. Avec cette nouvelle donne qu’induit le retrait des troupes militaires françaises, qui signe une nouvelle ère pour la sous-région, un échec cuisant pour la politique africaine de la France et le début de la fin de la Françafrique et de ses tristement célèbres réseaux souterrains.

Réussir les transitions est le défi auquel font face les militaires au pouvoir aujourd’hui au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Gabon et en Guinée, auquel cas ils feront face eux aussi à la colère des populations qui les ont accompagnés dans cette œuvre. Le pari est ambitieux, malgré ses risques et le pronostic pessimiste de Sébastien Lecornu. Le destin d’une partie de l’Afrique se joue également dans cette épreuve.

D. B.