Par Zine Haddadi
L’Algérie a réagi au plus haut niveau de ses instances gérantes du sport à l’acharnement avéré de la fédération internationale de boxe contre la championne Imane Khelif.
Il n’y a plus de doute à avoir. L’IBA, fédération internationale de boxe, a une dent contre Imane Khelif. Sinon comment expliquer que cette instance censée être impartiale se permet d’organiser une conférence de presse à Paris, où se déroulent les jeux olympiques, à la veille de la demi- finale des JO que disputera Imane Khelif ce mardi 6 juillet.
L’IBA s’est donnée en spectacle dans la capitale française. Sans apporter aucune preuve, le PDG de l’IBA, Chris Roberts, a assuré à qui voulait l’entendre que Imane Khelif et la Taïwanaise Yu Ting avaient été soumises à deux tests sanguins, l’un en 2022 et l’autre en 2023, dont les résultats « rendent les deux boxeuses inéligibles ». L’ancien président du comité médical s’est permis d’affirmer que « les résultats (du test) suggèrent que les boxeuses sont des hommes » sans arriver à convaincre les journalistes présents à la conférence de presse qui a pris la tournure d’un spectacle de mauvais goût.
Khelif, victime collatérale de la guerre CIO/IBA
« Nous ne sommes pas en capacité de révéler les résultats des tests sanguins, mais vous pouvez lire entre les lignes », a expliqué sans gêne le PDG de l’IBA.
Le controversé président de l’IBA, le Russe Umar Kremlev, ne pouvait pas être absent de ce piètre spectacle. Présent en visioconférence, c’est lui qui a pris le rôle de celui qui s’en prend au comité olympique international. Ce dernier a accusé le CIO de « détruire le sport féminin ». Sa principale cible était le président du comité olympique international.
Bizarrement, Imane Khelif et Yu Ting, précédemment exclues par l’IBA aux Mondiaux de boxe, sont assurées de finir au moins médaillées olympiques de bronze puisqu’elles sont qualifiées en demi-finale des jeux olympiques.
Il n’est donc pas surprenant que l’IBA fustige le CIO qui considère de son côté que les deux boxeuses cochent toutes les cases des normes olympiques. Le CIO, étant le référent mondial en matière de sport, ne reconnaît pas l’IBA dont la crédibilité est sérieusement remise en question.
Il ressort du déroulement des événements et de l’obstination de l’IBA de considérer Imane Khelif et Yu Ting comme inaptes à combattre avec les filles, que l’instance en question a trouvé en ces deux boxeuses des boucs émissaires parfaits pour régler ses comptes avec le CIO.
L’Algérie n’est pas restée sans réagir. Bien au contraire. Par le biais de son ministre de la jeunesse et des sports et par son comité olympique national, l’Algérie a montré une fermeté face aux agissements douteux de l’IBA.
«L’Algérie ne reconnaît pas l’IBA»
Le ministre de la jeunesse et des sports Abderrahmane Hammad a annoncé dans un post sur le réseau social X que l’Algérie consacre une énergie hors normes afin de poursuivre au niveau judiciaire tous ceux qui s’en sont pris ou s’en prennent à notre championne (Imane Khelif, ndlr).
« Nous répondrons avec force à toutes les provocations. Notre énergie dans la défense d’Imane et de la femme algérienne en général est sans fin », avertit Abderrahmane Hammad. C’est la parole du gouvernement algérien qui est engagée à travers la déclaration forte du ministre de la jeunesse et des sports. Le comité olympique algérien a pour sa part indiqué que l’Algérie ne reconnaît pas l’association internationale de boxe (IBA) et n’en est pas membre.
« Nous disons clairement à l’opinion publique nationale et internationale que nous ne reconnaissons pas cette association en tant qu’organisation légitime et qu’elle n’a aucun lien avec les jeux olympiques. Notre championne Imane Khelif n’est pas affectée par les fausses affirmations de l’IBA », a annoncé le COA dans son communiqué.
Le CIO à fond avec Imane Khelif
Pour le comité olympique algérien, « les déclarations de l’IBA ne sont que des paroles en l’air, une tempête dans un verre d’eau et n’ont aucun impact sur l’avenir de notre championne ou sa carrière olympique ».
« Nous nous tenons fermement aux côtés d’Iman Khelif et ne nous laisserons pas influencer par des organisations illégitimes. Notre détermination est inébranlable et notre soutien à nos athlètes est sans limite », a, d’ailleurs, ajouté le COA.
Dans cette affaire montée de toutes pièces par l’IBA, l’Algérie est sur la même longueur d’onde que le comité olympique international et donc du côté légal et légitime face à une instance controversée gérée par des personnalités sulfureuses.
Le président du comité international olympique (CIO), Dr Thomas Bach, a réitéré lundi son soutien total à la championne de boxe algérienne, Imane Khelif, après la campagne injustifiée menée contre elle lors des jeux olympiques de Paris.
« Trop de gens ont été témoins de la campagne contre Imane Khelif et trop de gens ont été témoins des mauvais traitements que vous avez subis simplement pour avoir participé à une compétition olympique et poursuivi votre rêve olympique », a, ainsi, écrit le président du CIO dans son message de soutien à Imane Khelif.
« Aucun athlète ne devrait être la cible de telles attaques, et j’espère que vous serez en mesure de surmonter ces attaques et de continuer à participer aux compétitions de boxe malgré cette controverse injustifiée », a-t-il ajouté.
N’en déplaise à l’IBA, Imane Khelif a prouvé au monde entier que son talent et surtout son travail lui ont permis de se hisser sur le podium olympique.
La figure de proue de la boxe algérienne peut encore décider par la force de ses bras la couleur du métal qui ornera la médaille avec laquelle elle reviendra de Paris.
Prochaine étape, la demi-finale (catégorie des moins de 66 kg) qui opposera ce soir à 21h42 Imane à la boxeuse thaïlandaise Janjaem Suwannapheng.
Si Imane Khelif a su transformer toute la haine qui a déferlé sur elle le week-end dernier en force pour atteindre la demi-finale, l’Algérie peut compter sur elle pour faire un nouveau pied de nez à l’IBA après son piètre spectacle en conférence de presse hier à Paris. Mets les KO, Imane !