Zine Haddadi
C’est la première médaille de l’Algérie dans ces jeux olympiques Paris 2024, et c’est grâce à Imane Khelif, qui a subi une campagne haineuse durant tout le week-end.
Imane Khelif a offert, hier, à l’Algérie son premier métal olympique dans les JO Paris 2024 grâce à sa brillante victoire contre son adversaire, l’Hongroise Luca Anna Hamori. Après avoir terminé le premier round par un score sans appel de 5-0, Imane Khelif a achevé son adversaire par la suite s’adjugeant la place en demi-finale qui était en jeu. C’est en larmes qu’Imane Khelif a quitté le ring. Des larmes de joie qui renseignent sur le poids de la pression qui était sur les épaules de la boxeuse algérienne. Faire face à des accusations sur le genre, affronter les propagandistes de tout bord, même les plus puissants du monde, il fallait le faire. Il fallait avoir ce mental d’acier, cet état d’esprit de championne pour se hisser au-dessus de la cohue générale des réseaux sociaux et rester concentrée sur l’objectif sportif.
Vaincre la haine
Pendant 48 heures, le monde a oublié qu’Imane Khelif n’était qu’une boxeuse venue réaliser son rêve de gagner une médaille olympique. Cependant, l’extrême droite mondiale n’a fait que cracher son venin depuis jeudi.
De Matteo Salvini en Italie, à l’extrême droite française représentée par Philippot, Dupont Aignan et Gilbert Collard en passant par Elon Musk et arrivant jusqu’au candidat à la présidentielle américaine Donald Trump et son colistier JD Vance, la mouvance extrême droite a sorti l’artillerie lourde pendant 48 heures.
Le fardeau était lourd à porter pour Imane Khelif, mais elle l’a porté jusqu’au ring. Elle a bien su transformer toute cette haine en force pour aller en demi-finale.
C’est à la fin du combat que la jeune femme s’est lâchée. En pleurs, elle a eu une pensée pour le peuple algérien, pour ses entraîneurs Mohamed Chaoua et Pedro Luis Diaz, le Cubain. Imane Khelif a également remercié tous ceux qui l’ont soutenue à travers le monde.
«Je me prépare depuis 8 ans»
«Je me prépare aux JO depuis 8 ans. Ce que j’ai subi est une atteinte à toutes les femmes. Le public arabe me connaît. Je boxe depuis longtemps sous la bannière de la fédération internationale de boxe (IBA) qui m’a lésée. Mais j’ai le bon Dieu avec moi », a lâché Imane Khelif au micro de Bein Sport.
Rarement un quart de finale de boxe féminine aux jeux olympiques a suscité autant d’attention à l’échelle mondiale. La polémique concernant la boxeuse algérienne, alimentée entre autres par son adversaire de ce soir, a rendu le combat un peu particulier. La boxeuse hongroise a tenu des déclarations controversées versant dans une provocation la veille du combat. La Hongroise a continué dans la même lancée des polémistes qui insistent que Imane Khelif est un homme malgré les éclaircissements et les mises en garde du comité international olympique.
La force tranquille
De son côté, Imane Khelif est restée concentrée sur son objectif. Aucune déclaration n’a émané de l’Algérienne concernant la polémique depuis jeudi.
Dans une salle pleine et acquise à sa cause, Imane a déroulé son talent, ne laissant aucune chance à son adversaire, visiblement plus à l’aise derrière un écran que sur un ring de boxe. Même après sa victoire, Imane Khelif a fait montre d’un esprit qui n’émane que des grands champions. Face à l’ampleur et la dureté des attaques, notamment celle de son adversaire du jour qui l’a clairement accusée d’être un homme, Imane Khelif aurait pu laisser exploser sa colère sans craindre d’être jugée sur sa réaction. Mais il n’en a rien été. Imane est restée digne, humble, posée. C’est sur le ring qu’elle a répondu. Imane Khelif, déjà assurée de revenir au pays avec au moins la médaille de bronze autour du cou, a encore du chemin à faire dans sa route vers l’or dans les JO Paris 2024. La prochaine étape sera contre la Thaïlandaise J. Suwannapheng. Le combat aura lieu mardi à 21h34. Imane pourra compter sur le soutien de toute l’Algérie.