
Par Amar R.
Dans un contexte de vague anti-migratoire induite par la montée de l’extrême droite en Europe, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, fait figure d’exception. En louant l’immigration, qu’il considère comme une chance pour la prospérité de son pays, le socialiste a demandé l’entrée en vigueur, dès 2025, du Pacte européen qui introduit un mécanisme de solidarité entre Etats membres.
Devant le Parlement espagnol, le chef du gouvernement Pedro Sanchez a prononcé mercredi un discours positif sur l’immigration qu’il a présentée comme «une chance pour la prospérité du pays», évoquant, d’abord, la dette morale de l’Espagne : «Nous, les Espagnols, nous sommes des enfants de l’immigration. Nous n’allons pas être les parents de la xénophobie», a-t-il affirmé.
Rappelant, à ce sujet, le cas de ses proches qui ont dû fuir la dictature de Franco au siècle dernier et qui se sont installés en Allemagne, Pedro Sanchez a aussi appelé à ne pas diaboliser désormais les migrants qui arrivent en Espagne. Pour cela, il s’est adressé directement aux députés de droite et d’extrême droite, qu’il accuse de répandre un discours de haine : «Vox et le PP nous disent que les migrants mettent en danger nos proches, mais la vérité est que la moitié des gens qui travaillent pour s’occuper de nos enfants, de nos parents et de nos grands-parents sont des immigrants», a-t-il dit. Qu’ils prennent soin d’eux avec respect et affection, comme s’ils étaient de leur propre famille», a-t-il ajouté.
Pragmatisme économique
Le chef de l’Exécutif espagnol a, par pragmatisme économique, mis en relief la contribution des migrants à l’économie et à la société espagnoles. Celle-ci est «une contribution similaire et complémentaire de celle des citoyens espagnols. Une contribution qui devrait être maintenue dans les décennies à venir si nous voulons surmonter ce défi démographique et garantir la prospérité et le progrès de notre société», a indiqué Pedro Sanchez, dont le taux de natalité de son pays est l’un des plus faibles de l’Union européenne, avec seulement 1,2 enfant par femme.
Par conséquent, Pedro Sanchez a présenté toute une batterie de mesures pour aider les migrants à s’installer en Espagne et faciliter leur intégration dans le marché du travail, en limitant, toutes les procédures bureaucratiques. Il a aussi annoncé un «plan national d’intégration et de coexistence interculturelle» dans toute l’Espagne.
Pedro Sanchez fait montre d’exception sur le plan moral, puisqu’il va à contre-courant des idées xénophobes de l’extrême-droite qui réclame un tour de vis supplémentaire, et de citer l’Allemagne qui a rétabli des contrôles à toutes ses frontières, de la Pologne et de la République tchèque qui ont réclamé ensemble un durcissement de la politique migratoire européenne, et la Suède, qui a décidé de fermer ses portes aux migrants. En France, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau a, de son côté, annoncé vouloir durcir les règles de régularisation de certains sans-papiers, notamment en revenant sur la circulaire Valls d’il y a plus de dix ans.
D’autre part, l’Espagne veut adopter une démarche inspirée par la Première ministre italienne, Georgia Meloni, qui bien qu’élue sur un programme d’extrême droite, a dû revenir dessus, en accueillant plus de migrants, notamment sur la pression des opérateurs économiques, en besoin de main d’œuvre.
Ainsi, Pedro Sanchez envisage de demander à la Commission européenne d’avancer l’entrée en vigueur du Pacte sur la migration et l’asile, et que les mesures contenues dans les textes soient mises en œuvre à l’été 2025 et non à l’été 2026. Le pacte prévoit notamment de traiter une partie des demandes d’asile aux frontières extérieures de l’Union et introduit un mécanisme de solidarité entre Etats membres en cas d’arrivées massives.