/Plusieurs villes à travers le pays sont une nouvelle fois inondées. C’est la troisième fois que cela arrive depuis le drame de mai dernier où plusieurs morts ont été recensés et qui avait été suivi de celui du 21 septembre dernier.
Alger, Oran, Chlef, Jijel, Tizi Ouzou, Relizane, Bejaïa, Tipaza et plusieurs autres villes d’Algérie avaient, hier, les pieds dans l’eau. Une heure de pluie battante a suffi pour qu’une partie de ces villes soient noyées, coupées du monde, sinon inaccessibles. Cette situation n’est malheureusement pas inédite pour les Algériens qui sont aujourd’hui, habitués à ce malheur après chaque BMS. Certains responsables locaux mettent ces inondations à répétition sur le dos de mère nature et du dérèglement climatique, mais ce n’est malheureusement pas le cas en ce qui nous concerne. D’abord, parce que les quantités de pluie enregistrées ne sont relativement pas énormes, et puis, le plan de l’urbanisme de nos villes ou des plaines autrefois agricoles ont laissé place à des zones de commerce et de lotissements anarchiques, le tout conjugué aux réseaux de collecte des eaux pluviales obsolètes et surtout l’inaction frappante des autorités locales. Tout ça nous rend vulnérable face à ce genre de «catastrophes». Avec des épisodes pluvieux plus intenses, c’est l’ensemble de nos villes qui seront dévastées et noyées sous les eaux avec le risque qu’il y ait des pertes humaines.
Alger, les pieds dans l’eau
Rien qu’hier, les services de la protection civile sont intervenus des dizaines de fois dans plusieurs communes, notamment à Alger, ou des quartiers entiers ont été inondés. Même les morts n’ont pas échappé au drame, puisqu’à Ain Benian, plusieurs tombes ont été «emportées» par les eaux. A Draria, deux véhicules sans chauffeurs ont été arrachées du sol par les eaux de l’Oued Boudjemâa Temim. C’était pire dans les communes de Birkhadem, Saoula, Baba Hacen, Staoueli, Cheraga, Bordj El-Kiffan et Souidania dans une grande partie s’était trouvée sous l’eau. A Kheraïcia, 4 familles habitant des maisons de fortune ont dû être évacuées vers la salle omnisports de la localité. Plusieurs routes ont été fermées, ce qui a obligé la gendarmerie nationale à sortir ses effectifs pour organiser la circulation et rediriger les automobilistes vers d’autres routes ouvertes, comme ce fut le cas entre Ain Benian et Staoueli ou encore Ouled Fayet et Cheraga. Les vidéos amateur postées sur les réseaux sociaux sont spectaculaires et effrayantes. Des dizaines de véhicules noyées, des familles entières ont été obligées de quitter leurs demeures inondées, notamment dans les bidonvilles. Au centre-ville d’Alger, plusieurs axes routiers ont été coupés, notamment au niveau des trémies, à El-Harrach, El-Hamiz et Rouiba. Idem pour la ligne de tramway qui a été bloquée par les eaux au niveau de Ruisseau. La nouvelle ville de Sidi Abdellah était carrément inaccessible. En début de soirée, les sorties d’Alger vers les autoroutes Est et Ouest étaient complètement fermées.
Relizane, Khenchela, Chlef, Tipaza, Oran, Boumerdes, la Kabylie…
Les autres villes du pays n’ont pas échappé à la catastrophe. Mazouna à Relizane était complètement sous l’eau. Des dizaines de voitures ont été endommagées, sinon emportées par les inondations. Boumerdès, Khenchela, Batna, Souk Ahras, Chlef, Oran et surtout Tipaza et Médéa ont évité le pire de justesse. Conséquence inévitable de tout ça, des embouteillages monstres ont été signalés sur les routes reliant ces villes au reste du monde. De nombreux accidents ont été aussi enregistrés dont un très grave à Bousmail, wilaya de Tipaza. Au moment où nous mettons sous presse, plusieurs signaux d’alertes continuent de fuser de partout. La protection civile sur le qui-vive depuis le début de l’après-midi était en alerte rouge. Tout le monde était rappelé aux casernes. Selon Météo Algérie, les intempéries devaient continuer à affecter plusieurs villes du nord jusqu’à aujourd’hui à 9h du matin. Comme l’hiver n’a pas encore commencé, on a envie de dire : où en est l’enquête déclenchée après les dernières intempéries et surtout ce qu’ont fait et comptent faire les responsables locaux et nationaux pour que tout cela ne se reproduise pas.
Y. C.