Par Abdellah. B
La Sonelgaz abandonne son projet d’interconnexion électrique «directe» avec la Libye via la zone frontalière Ghadamès, sans pour autant renoncer à son projet de conquête du marché libyen de l’électricité. L’étude de faisabilité lancée par les deux pays a démontré les limites du projet, raison pour laquelle la Sonelgaz a changé de plan en optant pour une deuxième voie qui semble plus intéressante pour l’approvisionnement de la Libye en cette ressource d’énergie. Il s’agit d’un projet d’interconnexion entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye, qualifié de «spécial».
En effet, ce changement de plan en faveur du projet d’un nouveau corridor reliant les trois pays et l’abandon d’une ligne électrique directe avec la Libye est expliqué par le responsable des études économiques au sein du groupe par les lacunes et les difficultés liées à la réalisation d’une ligne directe entre l’Algérie et la Libye via la zone frontalière de Ghadamès qui est au centre des discussions depuis 2023. «Il y a eu des tentatives pour la réalisation de l’interconnexion directe avec la Libye. Pour des considérations techniques, l’idée a été abandonnée suite aux résultats des études faites et qui ont relevé de différentes lacunes liées à la distance, les centres de consommations et la rentabilité économique», explique le directeur des études économiques au sein du groupe Sonelgaz, Mohamed Lakhdar Habib.
Selon ce dernier, l’abandon de cette idée d’une interconnexion directe avec la Libye n’est guère synonyme de renoncer aux objectifs de la Sonelgaz et à sa conquête du marché libyen de l’électricité. Au contraire, le groupe se lance dans une nouvelle vision plus large visant à relier les réseaux électriques des trois pays de l’Afrique du Nord. «Aujourd’hui, on travaille sur un projet spécial reliant les trois pays, l’Algérie, la Tunisie et la Libye par un corridor électrique, qui fera objet d’un mémorandum d’entente qui sera signé prochainement lors de la réunion tripartite regroupant les responsables des sociétés des pays concernés», révèle la même source qui ajoute que l’étude de faisabilité de ce projet spécial «sera lancée juste après la signature de l’accord entre les trois pays».
En effet, plusieurs réunions ont eu lieu entre les deux parties depuis l’année 2020 et qui ont été sanctionnées au mois de novembre 2023 par le lancement d’une première connexion expérimentale en s’appuyant sur le réseau déjà existant entre l’Algérie et la Tunisie. Dans ce sillage, et pour une meilleure connexion électrique entre les trois pays, la Sonelgaz travaille depuis quelques années sur le renforcement de son réseau avec la Tunisie qui transporte actuellement plus de 500 MW par an. Une manière de préparer à la fois le terrain pour son entrée sur le marché libyen et aussi sur le continent européen qui affiche un grand intérêt pour l’électricité algérienne.
Le renforcement des exportations de l’électricité figure au centre de la politique de développement de la Sonelgaz qui ratisse large pour développer son portefeuille clients, et c’est dans cette optique que le groupe multiplie les efforts pour gagner des parts de marché sur le plan régional et continent