Islamophobie, racisme : Retailleau pris la main dans le sac

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Retailleau ridiculisé

Par Amar R.

Lors d’un entretien sur BFM, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a été confondu, comme jamais, par sa pratique de l’islamophobie d’Etat, au sujet de sa réaction tardive après l’assassinat islamophobe d’Aboubakar, et pour ne pas avoir suspendu ses réunions électorales et avoir fui ses devoirs de ministre.

Dans l’un des rares moments où les chaînes de télé françaises se réconcilient avec le vrai journalisme, Bruno Retailleu a été acculé dans ses derniers retranchements. Mais, à mesure qu’il avançait dans ses réponses, Bruno Retailleau qui a montré tout le mal à répondre sans risque de se renier par rapport à ses positions antérieures, s’enfonçait davantage dans l’extrémisme, voire l’ostracisme qui motivait ses attaques contre les musulmans, lorsqu’il affirmait «à bas le foulard», et qu’il le démontrait dans ses attaques récurrentes contre l’Algérie, à longueur de journées sur les plateaux télé.

«Si ça avait été dans une synagogue ou une église, auriez-vous attendu deux jours pour vous y rendre ?» Cette séquence est l’un des moments clés. «J’étais l’un des tout premiers à réagir et à donner mon sentiment pour assurer la solidarité qu’on doit à nos compatriotes musulmans. Ensuite, c’est toujours trop tard, il est mort» (sic), a-t-il affirmé avec un tantinet de cynisme. Et quand il dit «femmes violées» au lieu de «femmes voilées» plutôt que de s’excuser, il parle de “curieux acte manqué”, Retailleau assume jusqu’au bout son obsession contre les musulmans. Mais, le journaliste revient à la charge. En évitant le vocable «islamophobie» pour l’assassinat d’Aboubakar, aussi, Retailleau avait tenté d’amoindrir la réalité d’un phénomène que des fidèles musulmans peuvent être pris pour cible pour cause de leur religion. «Non seulement vous n’y allez pas, mais aussi vous maintenez deux réunions publiques dans le cadre d’une élection interne. Vous comprenez que ceux qui nous regardent se disent qu’il y a une forme de deux poids, deux mesures dans la façon dont un ministre de l’Intérieur, ministre du culte bouscule son agenda pour témoigner sa solidarité vis-à-vis de celui qui est mort». Or, le ministre LR est allé partout où il y a eu des crimes, dans les synagogues ou les églises, il s’est rendu dans les lieux de culte (..)», relève pour sa part Ségolène Royal dans son analyse, considérant que le retard de Retailleau était volontaire, d’où sa gravité.

 

Islamophobie, le déni

A l’évidence, Bruno Retailleau est tenu pour responsable de l’islamophobie pour de nombreux intervenants qui soutiennent que ses idées le rapprochaient autant de son courant politique qu’ils l’éloignaient de l’exécutif dont il fait partie. Le recteur de la mosquée Sud-Nîmes, Abdallah Zekri sur BFMTV, s’est exprimé sur un soutien très faible de l’Etat français, indiquant qu’on a mis beaucoup de temps pour réagir après le meurtre islamophobe d’Aboubakar. De plus, il a fait remarquer la cacophonie du gouvernement, entre le Premier ministre qui parle d’islamophobie, et le ministre de l’Intérieur qui le nie. Aussi, il insiste pour affirmer que «le ministre de l’Intérieur n’est pas allé à la mosquée où il y a eu l’assassinat pour rassurer les gens, leur apporter un soutien, mais Retailleau est allé uniquement à la sous-préfecture pour rencontrer 3 responsables de la communauté musulmane».

Réagissant aussi, Me Mourad Battikh, l’avocat de la victime, a souligné qu’«il est urgent et important que le parquet français antiterroriste se saisisse de ce dossier. La République ne doit pas trier en fonction des victimes». D’après lui, l’assassinat ne laisse pas de doute qu’il s’agit bien d’un acte terroriste, eu égard au fait que l’individu a lâchement tué le fidèle à coups de baïonnette, lui assénant des dizaines de coups de couteau, le laissant agoniser et proférant des insultes contre la religion musulmane, ne devrait pas laisser place à l’interrogation s’il s’agissait d’un acte terroriste. «Ce n’est pas une piste privilégiée ? Il n’y a que cela. Et pas autre chose», a-t-il insisté. Et ce, avant de noter «une différenciation extrêmement problématique» par rapport à d’autres assassinats, indiquant : «Je n’ai jamais vu un lieu de culte qui aura subi un assassinat similaire sans que le parquet antiterroriste ne soit saisi immédiatement». L’avocat dit clairement que la seule explication donnée à la famille est qu’il y a un deux poids, deux mesures, et que la République trie en fonction de ses victimes».