Par Amar R.
Le chef du bureau politique de Hamas, Ismaïl Haniyeh, a été assassiné hier à 2h du matin (21h30 GMT) à Téhéran, la capitale iranienne, quelques heures après avoir assisté à la cérémonie d’investiture du nouveau président iranien.
En ordonnant l’assassinat du chef du bureau politique de Hamas, Ismaël Haniyeh, l’entité sioniste a porté un coup dur au mouvement de la résistance islamique mais aussi aux pourparlers sous l’égide internationale pour parvenir à un cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne, dont l’ancien premier ministre palestinien était le principal négociateur du côté palestinien.
Par ce crime qui intervient moins de 24 heures après la mort du commandant des opérations du Hezbollah au Liban, Fouad Shokr, qui avait péri dans une frappe aérienne dans la banlieue sud de Beyrouth, Netanyahu démontre clairement son option pour l’escalade au Moyen-Orient et sa volonté de transformer le conflit à Ghaza en une guerre plus vaste. Un scénario qui commence à se dessiner, en dépit des mises en garde et des appels internationaux à l’éviter, à en juger par les attaques menées contre le Liban, l’Iran et le Yémen, notamment l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh qui a suscité de nombreuses réactions d’indignation dans le monde musulman mais aussi de la part de la Chine et de la Russie.
Réunion d’urgence du conseil de sécurité
Dans ce cadre, le conseil de sécurité a prévu de tenir une réunion d’urgence hier à 20h GMT, à la demande de l’Iran, soutenue par l’Algérie, la Russie et la Chine. Dans une lettre adressée au conseil par l’ambassadeur d’Iran à l’ONU Amir Saeid Iravani, Téhéran « condamne dans les termes les plus forts l’agression du régime sioniste que représente l’assassinat de M. Haniyeh ». L’Iran appelle le conseil à « condamner sans équivoque et fermement les actes d’agression et les attaques terroristes du régime israélien contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Iran, ainsi que les récents actes d’agression contre la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban et de la Syrie » et « à prendre des mesures immédiates pour assurer que des comptes soient rendus pour ces violations du droit international, y compris la possibilité d’imposer des sanctions et d’autres mesures pour empêcher d’autres agressions ».
«Énormes conséquences»
Cela étant, le mouvement islamiste palestinien Hamas et l’Iran ont promis de venger la mort de Haniyeh, faisant craindre un embrasement de la région en pleine guerre à Ghaza.
Les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée de Hamas, ont indiqué qu’il y aurait d’«énormes conséquences dans toute la région».
L’assassinat de Haniyeh « porterait la bataille vers de nouvelles dimensions et aurait des répercussions majeures », a déclaré aussi la branche armée de Hamas. «L’occupation est responsable de cet attentat, et les Etats-Unis en portent également la responsabilité», a déclaré dans la foulée un haut responsable du mouvement Hamas, Taher al-Nounou.
L’Iran a promis de riposter et a décrété trois jours de deuil national, affirmant que les Etats-Unis portaient la responsabilité de leur soutien à Israël.
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré qu’Israël avait fourni les prétextes pour « se punir lui-même sévèrement » et qu’il était du devoir de Téhéran de venger la mort de Haniyeh.
Si le gouvernement du premier ministre Benjamin Netanyahu n’a pas revendiqué la responsabilité de l’attaque et a refusé de commenter l’assassinat de Haniyeh, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a, de son côté, éludé une question sur le meurtre de Haniyeh, affirmant qu’un accord de cessez-le-feu à Ghaza était essentiel pour éviter une escalade régionale plus large. Il a déclaré que les États-Unis n’étaient ni au courant ni impliqués dans le meurtre.
Le secrétaire américain à la défense estime aussi qu’une guerre plus large n’est pas «inévitable».
Le Qatar a condamné le meurtre de Haniyeh comme une dangereuse escalade du conflit, se demande «comment la médiation peut réussir lorsqu’une partie assassine le négociateur de l’autre côté ?», selon la déclaration du premier ministre Cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani sur X.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a condamné le meurtre, et les factions palestiniennes en Cisjordanie occupée par Israël ont appelé à une grève et à des manifestations de masse.