Par : Oussama Khitouche
Dans une interview accordée au média espagnol El Independiente, l’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, John Bolton, est revenu en détail sur la question du Sahara occidental, un dossier qu’il considère toujours aussi brûlant et déterminant pour l’avenir de la région. Très critique à l’égard de la politique marocaine, Bolton plaide pour un retour du soutien américain à l’organisation d’un référendum d’autodétermination, tel que prévu par les Nations unies.
Pour lui, la meilleure solution à la dernière colonie en Afrique reste l’organisation du référendum que le Maroc s’était engagé à respecter. Il reproche à Rabat de bloquer ce processus depuis plus de 20 ans, en violation de ses engagements internationaux. Bolton souligne que l’ONU a failli à son rôle en ne parvenant pas à imposer ses décisions, principalement en raison du refus catégorique du royaume marocain d’autoriser la tenue de ce vote.
L’administration américaine pourrait changer de position
L’ancien haut responsable américain estime que l’administration Trump pourrait revenir sur sa reconnaissance de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, surtout si des incitations économiques et des opportunités d’investissement venaient à se présenter dans les territoires sahraouis. Pour Bolton, un tel changement de la politique américaine n’est pas à exclure dans le futur.
Bolton dénonce également les tentatives de Rabat de faire passer le Front Polisario pour une organisation ‘’terroriste’’. Il qualifie cette stratégie de pure propagande, soulignant que le Polisario n’a jamais été impliqué dans des actes extrémistes, et qu’aucune preuve ne lie ce mouvement indépendantiste ni à l’Iran, ni au Hezbollah, ni à une quelconque mouvance radicale chiite.
Une révolte populaire au Maroc est inévitable
Il critique aussi la position du gouvernement espagnol actuel, qu’il accuse d’avoir tourné le dos à ses responsabilités historiques envers le peuple sahraoui. Selon lui, une solution juste et durable à ce conflit est indispensable pour apaiser les tensions régionales, qui ne cessent de s’aggraver au fil des années.
Dans cette optique, Bolton rappelle que le peuple sahraoui vit toujours dans des camps de réfugiés depuis près d’un demi-siècle, privé de son droit à l’autodétermination. Cette situation humanitaire dramatique demeure, selon lui, l’une des grandes injustices oubliées de la scène internationale.
Enfin, il s’est montré particulièrement sévère envers le régime marocain, qu’il juge incapable de se réformer sur le long terme. Il prédit qu’une révolte populaire au Maroc est inévitable, tant les frustrations sociales, économiques et politiques s’accumulent.