La Banque mondiale salue les progrès de l’économie algérienne

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Par R. Akli

 

«L’Algérie diversifie son économie, en triplant ses exportations hors hydrocarbures depuis 2017, pour atteindre 5,1 milliards de dollars en 2023, réduisant ainsi sa dépendance au pétrole et au gaz». C’est le constat global que dresse la Banque mondiale (BM) sur les évolutions d’ensemble de l’économie algérienne et les premiers résultats du train de «réformes stratégiques» initiées ces quelques dernières années dans les domaines de la promotion de l’investissement et du développement des exportations hors hydrocarbures. Dans une nouvelle analyse publiée avant-hier sur son site web officiel, sous le titre de «Comment l’Algérie façonne son avenir économique», les économistes de la BM relèvent ainsi que «des réformes stratégiques, telles que le Système communautaire portuaire algérien (APCS) et une nouvelle loi sur l’investissement, améliorent l’efficacité commerciale et attirent les investissements étrangers». L’institution financière internationale note en ce sens qu’après avoir été longtemps dépendante des hydrocarbures, «l’Algérie trace désormais une voie audacieuse vers la diversification économique». Les exportations hors hydrocarbures «ont triplé depuis 2017, représentant 2% du PIB», les engrais, les produits sidérurgiques et le ciment figurant parmi les principales exportations», ce qui témoigne «des premiers résultats positifs dans l’élargissement de la base économique algérienne», notent les experts de la BM. Selon eux, le pays opère ainsi «une transformation profonde» pour réduire sa dépendance à l’industrie pétrolière et gazière et attirer de nouveaux flux d’investissements étrangers, même si, ajoutent-ils, «des défis tels que la faible productivité et les pressions mondiales en faveur de la décarbonisation soulignent la nécessité de poursuivre les réformes pour garantir la résilience et la croissance économiques à long terme».

 

L’APCS, un tournant pour le secteur commercial

Tout en mettant en avant le soutien et l’assistance technique qu’elle apporte à l’Algérie dans certains domaines, la Banque mondiale cite entre autres les grandes réformes ayant permis au pays d’enclencher sa nouvelle dynamique à l’export, la mise en place, dès juillet 2021, du Système communautaire portuaire algérien (APCS). Cette plateforme numérique, précise-t-elle, «connecte l’ensemble des acteurs portuaires et réduit les délais de dédouanement en reliant les douanes, les compagnies maritimes et les exportateurs sur une interface unique». Aussi, le lancement de ce système «marque un tournant pour le secteur commercial algérien et démontre comment des réformes ciblées peuvent avoir un impact économique transformateur», note   Meriem Aït Ali Slimane, économiste principale à la Banque mondiale, citée dans la même analyse. Sondant ainsi les progrès de la transition en cours de l’économie algérienne vers un modèle de croissance plus diversifié et moins centré sur le pétrole et le gaz, l’institution de Bretton Woods attribue cette  transformation à deux axes de réformes essentiels : le déblocage de l’export en hors hydrocarbures, mais, également, la relance effective de l’investissement national et étranger. «La loi sur l’investissement de 2022 est un élément clé de ces efforts, conçue pour attirer les investisseurs nationaux et étrangers», estime ainsi la BM, en mettant en exergue les multiples incitations qu’offre cette nouvelles loi-cadre, «telles que des exonérations fiscales, des dispenses de droits de douane et des procédures administratives simplifiées par le biais de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI)». Celle-ci, est-il en outre souligné, «a déployé une plateforme en ligne pour simplifier le parcours des investisseurs, facilitant l’accès au foncier, à l’information et aux incitations de manière numérique».

 

Deux secteurs clés mis en évidence

Au registre de la diversification de la croissance économique, deux secteurs clés, en hors hydrocarbures, sont par ailleurs mis en évidence à travers l’analyse de la Banque mondiale, en l’occurrence l’agriculture et l’industrie. «Le secteur agricole algérien a enregistré des avancées, particulièrement en matière d’exportation de produits alimentaires frais», est-il ainsi relevé. De même, est-il ajouté, «dans le secteur industriel, des efforts similaires ont ciblé des chaînes de valeur comme le liège et la mécanique de précision». Des secteurs qui s’érigent en somme en nouveaux moteurs de la croissance de l’économie algérienne en hors hydrocarbures, selon l’analyse de la Banque mondiale, qui a mis par ailleurs en avant les progrès réalisés dans le domaine de l’accréditation, qualifiée d’«essentielle pour adapter les produits algériens aux normes mondiales» et comme «avantage stratégique pour accéder à de nouveaux marchés». Et pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, l’institution financière internationale ne manque pas de rappeler en définitive la nécessité de continuer à faire face aux défis qui subsistent encore «en matière de productivité et de bureaucratie», ainsi que l’impératif de s’adapter aux nouveaux enjeux de la transition mondiale vers la décarbonisation, particulièrement pour les exportations à forte intensité carbone, tels que les engrais et le ciment. Afin de consolider sa diversification économique et maintenir la croissance de ses exportations, l’Algérie devra «augmenter sa productivité», «attirer davantage d’investissements directs étrangers», «verdir ses processus industriels», «diversifier ses marchés d’exportation» et «renforcer ses chaînes de valeur dans des secteurs à fort potentiel, tels que les énergies renouvelables et les technologies de l’information», recommandent en substance les économistes de la BM. A souligner dans le même ordre d’idées qu’aux fins d’accélérer la relance de l’investissement et de fluidifier le commerce extérieur, de nouvelles mesures de réformes ciblées ont été édictées tout récemment par le président de la République, en vue de la mise en place très prochainement d’une nouvelle agence dédiée à l’export et d’un véritable guichet unique pour garantir la débureaucratisation et la facilitation de l’acte d’investir.