La presse espagnole n’a pas manqué hier de «commémorer» les 6 mois de crise avec l’Algérie
6 mois et un jour se sont écoulés depuis que l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Madrid «pour consultation», suite à la décision de Pedro Sánchez de soutenir le plan marocain d’autonomie au Sahara. 6 mois et un jour de tentatives répétées du gouvernement espagnol de recoller les morceaux avec son voisin du Sud vouées toutes à l’échec, puisque l’Algérie, très en colère contre la Moncloa, est allée plus loin en juin avec la suspension du traité d’amitié. Alger, qui n’a pas hésité à qualifier le retournement de veste de Sanchez de « deuxième trahison historique » après que ce dernier a considéré la proposition de Rabat comme étant « la base la plus sérieuse, crédible et réaliste » pour résoudre le conflit, a été sans doute plus dérangé par la manière dont s’est opéré ce revirement, révélé, non pas par l’exécutif espagnol mais par Rabat ; que par le revirement en lui-même. Bien que le gouvernement espagnol à travers son ministre des Affaires étrangères ait assuré qu’Alger avait été préalablement prévenu, l’exécutif algérien a démenti ce point. Ceux qui connaissent l’Algérie, à commencer par l’ancien 1er ministre Aznar, pensent que l’Espagne a fait une grave erreur de calcul en pensant que l’Algérie n’allait pas être gênée par le changement de position vis-à-vis du Sahara. Cela a été vérifié plus tard avec les décisions d’Alger de sanctionner économiquement l’Espagne et surtout de la priver du statut de client privilégié de gaz au détriment de l’Italie.
L’Algérie intransigeante face aux tentatives espagnoles
Dans un premier temps, Sanchez et ses ministres ont vainement tenté de minimiser la gravité de la crise, qui était principalement liée au fait que l’Algérie était alors le principal fournisseur de gaz naturel, sous l’argument que le président Tebboune avait souligné l’engagement de l’Algérie de respecter tous les contrats d’approvisionnement, ce qui a été effectivement le cas. Cependant, 6 mois sont passés, et la normalité n’est pas encore là comme promis par le gouvernement Sanchez. Pris de panique, le gouvernement espagnol a réagi en demandant l’aide de la Commission européenne, étant donné que les pouvoirs en matière de commerce extérieur sont cédés à Bruxelles et à la lumière des soupçons selon lesquels Alger pourrait violer l’accord d’association de 2005 avec l’UE.
Mais cela n’a fait qu’aggraver encore plus la situation, puisque trois mois plus tard, et face à la fermeté des responsables algériens, non seulement rien n’avait changé entre les deux pays, mais ça a empiré et les pertes des éleveurs, industriels locaux ne faisaient que s’accroître. Pour Tebboune et son équipe, deux choses pouvaient permettre un retour à la normal : 1- le départ du gouvernement Sanchez, 2- l’annulation de la décision de soutenir le plan marocain et l’annonce de retour de l’Espagne au statut de la neutralité.
Défilé européen à Alger… sans l’Espagne
La guerre en Ukraine et la crise énergétique n’ont pas arrangé les affaires espagnoles, puisque l’Algérie s’est placée dans une position privilégiée en sa qualité de grand fournisseur de gaz et de pétrole de l’UE. Plusieurs pays européens, en quête d’alternative à l’approvisionnement depuis la Russie, ont dépêché leurs plus hauts responsables à Alger. Le Premier ministre italien Mario Draghi était le premier à défiler dans Alger. Il a obtenu une augmentation significative de l’approvisionnement en gaz de son pays grâce au gazoduc Transmed. Le président français Emmanuel Macron l’a également fait fin août. Bien que le passé colonial fût le sujet principal à l’ordre du jour, plus tard la presse française avait révélé que l’Algérie prévoyait également d’augmenter les expéditions de gaz vers la France. Les Allemands, les Portugais, l’UE… même les Luxembourgeois sont venus, mais pas Sanchez.
Lors de sa visite à Berlin, et entouré du chancelier allemand Olaf Scholz, Sanchez a voulu tendre une branche d’olivier à l’Algérie il y a quelques semaines en annonçant qu’il « adorerait » se rendre en Algérie. Le vœu exprimé par Sánchez a été froidement accueilli à Alger et il n’y a pas eu de réponse, ni affirmative ni négative. Entre-temps, six mois sont passés depuis le début de la crise, 6 mois que l’Espagne et les Espagnols payent pour avoir choisi une marionnette comme Premier ministre. En parallèle, l’Algérie est aujourd’hui l’un des principaux partenaires de l’Europe qui envisage la construction d’un nouveau gazoduc connectant l’Algérie au futur hub énergétique européen, l’Italie.
Y. C.