Par Djilali B.
Le «rassemblement national» de Marine Le Pen, incarné par son jeune cadre dynamique, Bardella, vient d’essuyer un «magnifique et inédit» revers au second tour des législatives françaises qu’il croyait avoir «pliées» après sa sortie honorable avec un tiers des voix à l’assemblée nationale.
Bardella ne reconnaîtra pas la défaite du RN. Il dénoncera les alliances qui l’ont mis à terre au second tour. Une alliance de déshonneur, entre, a-t-il cité, le parti du président Macron et l’extrême gauche, a-t-il dénoncé à l’issue de l’annonce des résultats du deuxième tour. Il a d’ailleurs décliné un discours plus proche de celui d’une campagne électorale, qu’il aura d’ailleurs ratée compte tenu des sièges qu’il a glanés dans ce second tour qui le placent loin derrière le «nouveau front populaire» mais aussi de l’alliance du président Macron, «ensemble», qui est remontée à la deuxième place.
S’il y a une leçon à retenir de ce scrutin incertain, jusqu’à la veille de sa tenue, c’est que les Français, dont se réclament d’ailleurs tous les partis en lice, ont choisi l’option de la sécurité et, contrairement au premier tour, se détachant d’une option hasardeuse, aventurière incarnée par un RN, hormis ses slogans populistes et ségrégationnistes, ne propose sur aucun véritable programme aux Français. Purifier la France en chassant les immigrés serait l’idéal qu’un Bardella, amnésique sur ses origines, ira recruter la main-d’œuvre dans la France profonde.
Dénonçant les arrangements électoraux auxquels, par ailleurs, son parti n’a pas eu la possibilité d’accès en raison de sa doctrine fascisante, le RN, dans sa posture de magnifique perdant et loin de connaître les pesanteurs des Français qu’il prétend abusivement incarner, n’a même pas eu le courage de reconnaître sa défaite. Sa défaite, a expliqué le jeune Berdella qui se voyait, et sa tutrice Marine Le Pen, premier ministre, est le fait d’une alliance du déshonneur, d’accords électoraux, d’arrangements et du parti unique. S’il est effectivement difficile d’avaler cette déroute inédite, il aurait été, politiquement, plus raisonnable de reconnaître sa défaite et de promettre un sursaut à l’avenir.
Le raisonnement du RN est différent. Berdella sort «la sulfateuse» pour abattre tous ceux qui ont contribué à sa défaite. Un discours par ailleurs qu’il n’a nullement développé lors de la campagne pour le second tour où il s’était vu déjà à la tête de l’exécutif. Il se consolera à l’assemblée nationale et au parlement européen où «le RN travaillera pour défendre la souveraineté de la France» !
«Nouvelle France»
En face, il y a eu deux tons dans le camp victorieux. Jean Luc Mélenchon, patron de «la France insoumise», a évoqué, à l’issue du scrutin, une nouvelle France en offrant un autre choix pour le pays. Pour lui, qui s’exprimait juste après l’annonce des résultats, l’alliance présidentielle a perdu et doit s’incliner. Ces résultats, selon lui, sont un vote de «défiance massive» en raison de «la politique de la maltraitance sociale» du président Macron. Il a exclu d’ailleurs toute possibilité d’alliance avec «Ensemble» dans la perspective de créer une majorité gouvernementale. Mélenchon n’a cependant pas présenté d’alternative. Cela d’autant que la majorité du «nouveau front populaire» à l’assemblée nationale est relative. Le NFP a, selon lui, sauvé la république.
Le ton devient légèrement plus mesuré lorsqu’intervient le patron du parti socialiste, Olivier Faure, qui évoque «une espérance», à travers ce vote et la victoire d’un front républicain. Pour lui, le choix est fait, il s’est exprimé dans les urnes : «La France méritait mieux entre le néolibéralisme et le fascisme», dit-il. Il a exclu lui aussi toute «alliance des contraires». Surtout avec ceux dont les politiques ont fracturé le pays et les Français. «Nous avons besoin d’un pays qui se retrouve», a-t-il souligné pour mettre en avant le projet du NFP.
En définitive, les Français ont choisi entre la «real politik» et les fantasmes de leurs dirigeants politiques. Ils ont opté pour la sécurité et la prudence.
D.B.