La grande réforme des ports s’accélère

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Ports

PAR NABIL M.

Dans le cadre des directives des plus hautes autorités de l’Etat visant à renforcer l’efficacité des infrastructures portuaires, l’Algérie s’engage dans une transformation majeure de son secteur maritime.

 A cet effet, le Premier ministre, Nadir Larbaoui, a présidé hier une réunion du gouvernement consacrée à l’examen de l’avant-projet de loi modifiant et complétant l’ordonnance n°76-80 du 23 octobre 1976, portant code maritime, selon un communiqué des services du Premier ministre. Cet examen vient en «application des instructions du président de la République pour la mise en place d’une autorité nationale portuaire pour le développement et la modernisation des ports nationaux, et ce, afin d’améliorer la performance du service public dans les ports et les activités économiques du commerce extérieur», précise le communiqué.

Ainsi, l’une des mesures phares de cette réforme est la création d’une autorité nationale portuaire, qui aura pour mission d’éliminer les dysfonctionnements actuels, d’optimiser la gestion des flux de marchandises et de renforcer la compétitivité des ports algériens sur la scène internationale. Elle permettra également de coordonner les différents acteurs portuaires, notamment les douanes et les services de contrôle, afin de fluidifier les opérations et de réduire les délais d’attente des navires.

Outre l’aspect organisationnel, cette autorité portuaire aura également pour tâche de stimuler le rendement des ports en s’appuyant sur des modes de gestion modernes, permettant l’augmentation de leur productivité. Cet appui permettra en parallèle l’amélioration des prestations offertes aux opérateurs économiques activant dans le secteur des exportations hors hydrocarbures, dont l’importance est capitale au sein de la stratégie de diversification économique du pays.

Dans le cadre de cette modernisation, six ports stratégiques – Djen Djen, Alger, Béjaïa, Annaba, Oran et Mostaganem – passeront à un système de fonctionnement continu, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Cette décision, prise lors du Conseil des ministres du 9 février 2025, vise à résoudre les problèmes de congestion qui entravent depuis longtemps l’efficacité des ports algériens. En instaurant un travail ininterrompu, l’Etat espère réduire les délais d’attente des navires, minimiser les coûts logistiques et améliorer la compétitivité des ports sur le plan international.

 

Modernisation des équipements et des infrastructures

Pour accompagner cette réforme, l’Algérie investit massivement dans la modernisation des équipements portuaires. En 2025, le pays prévoit d’acquérir des équipements d’une valeur de 200 millions d’euros, notamment des conteneurs réfrigérés pour faciliter l’exportation de produits agricoles vers des marchés sensibles aux températures élevées, comme l’Afrique. Ces investissements permettront également de décongestionner les ports et d’accélérer les opérations de chargement et de déchargement, répondant ainsi aux besoins des secteurs clés tels que l’agriculture et l’énergie.

Aussi, plusieurs projets sont en cours de travaux pour réaménager et entretenir les quais afin d’accueillir plus efficacement les navires. A titre d’exemple, le port de Djen Djen, situé dans la wilaya de Jijel, occupe une place centrale dans cette stratégie de réaménagement. Récemment agrandi, il peut désormais accueillir des porte-conteneurs de 6000 EVP (Equivalent vingt pieds), contre 2500 auparavant. Cette amélioration significative de sa capacité opérationnelle en fait un acteur clé du commerce en Méditerranée, capable de répondre aux exigences du marché international.

Toutes ces réformes auront un impact positif sur l’économie nationale. En réduisant les délais d’attente et les coûts logistiques, elles rendront les ports algériens plus attractifs pour les investisseurs étrangers. Par ailleurs, la modernisation des infrastructures et la digitalisation des procédures aideront à renforcer la compétitivité du pays sur les marchés internationaux, tout en soutenant la croissance des exportations hors hydrocarbures.

Ainsi, la réforme portuaire engagée par l’Algérie marque un tournant décisif pour le secteur maritime national, avec des mesures ambitieuses visant à positionner l’Algérie comme un acteur clé du commerce en Méditerranée. En modernisant ses ports, en optimisant leur fonctionnement et en investissant dans des équipements de pointe, le pays se donne les moyens de relever les défis de la mondialisation et de soutenir sa croissance économique à long terme.