La librairie Alamate, un écrin d’art et de culture

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Par Latifa Abada

 En arpentant les venelles escarpées de la Basse Casbah, on y découvre un haut lieu de culture. La librairie Alamate, abritée à Dar Essalam, est bien plus qu’un commerce de livres. Ancrée profondément dans la diffusion du savoir, cette librairie participe à dynamiser le tissu culturel de la médina. Une librairie généraliste, pas élitiste, qui porte des valeurs d’ouverture et d’inclusion.

Les maîtres de ce lieu, Mohammed Belabed et Mazia Djab ont créé la librairie Alamate en 2019. Ils ont passé plusieurs années à Télémly avant de s’installer depuis deux ans à Dar Essalam.

Dar Essalam appartient à la zaouïa de la confrérie alaouite qui a été acquise en 1947 par cheikh Adda. Ce monument historique a été rénové tout en préservant ses aspects d’antan. Une amitié de longue date lie les deux propriétaires de la librairie Alamate à Khaled Bentounes, l’arrière-petit-fils de cheikh Adda qui leur a proposé de s’installer dans ce lieu.

Mazia est artiste photographe et Mohamed est dans le livre depuis plusieurs années. En pensant à ce projet, tous deux avaient une vision commune : en faire un lieu intimiste et chaleureux qui propose un choix large d’œuvres pour susciter l’intérêt de tous.

Mazia et Mohamed accueillent les visiteurs comme des convives. Avant d’aller découvrir les ouvrages soigneusement rangés sur les étagères, leur regard se porte souvent sur l’architecture du lieu et particulièrement le réservoir souterrain qu’on peut voir grâce à une vitre.

«El Djeb est une sorte de réservoir d’eau pluviale. Il faut savoir que des aqueducs étaient conçus pour conduire l’eau à la cité. Il y a l’eau de pluie et l’eau de source. Le système d’irrigation de La Casbah est très ingénieux et cette mise en valeur permet de faire connaître ce système», décrit Mazia.

La librairie se veut ouverte sur différents ouvrages. Littérature, poésie, mode, BD, beaux-arts, etc. On y trouve également des tableaux, des instruments de musique, des bijoux, des sculptures, de la calligraphie.

«La librairie Alamate est un lieu vivant dont le langage est universel. Ici, la lecture est avant tout un plaisir et le livre reste un objet de curiosité, d’imaginaire, d’ouverture», estime Mohamed.

Le nom donné à la librairie est plein de poésie. Mohamed se souvient de son professeur à l’école coranique de Touggourt. Non-voyant, il leur disait que lorsque le soleil arrive à un certain endroit, on l’appelle Alamate. Marqué par cette histoire, Mohamed a décidé de donner ce nom à la libraire.

 

Un acteur majeur de la culture

La librairie Alamate est située dans une ruelle discrète de la Basse Casbah bordée de vieilles bâtisses. Mazia confie qu’elle a toujours nourri le souhait de s’installer à La Casbah. «J’ai toujours considéré La Casbah comme l’espace poétique d’Alger. Il faut que l’on prenne possession de notre histoire. Pour moi, La Casbah est un lieu de savoir où l’on trouve des réponses sur notre identité», confie Mazia».

Sur cette expérience à la Casbah, Mazia et Mohamed confient que la librairie accueille ses anciens amis et attire un nouveau public : les touristes et les gens de passage.

La librairie Alamate a accueilli depuis son ouverture plusieurs événements culturels. L’exposition « La calligraphie arabe, l’encre, le point le trait » met en lumière des parchemins et des œuvres calligraphiques réalisées par des maîtres virtuoses de l’encre.

Des séances de déclamation poétique, des conférences animées par des experts du patrimoine matériel et immatériel ont enrichi les échanges. Des ateliers pédagogiques ont permis aux plus jeunes de s’initier à cet héritage artistique précieux.

L’artiste Arthur Thouret, a également exposé ses photographies autour de la nature enchanteresse du Sahara.

La librairie alamate est une expérience incontournable, un lieu à vivre. Visiter cette librairie permet d’enrichir sa culture, mais c’est aussi l’occasion de découvrir un lieu fascinant, chargé d’histoire et, chefs-d’œuvre d’architecture.