La Ligue arabe renaît à Alger

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La ligue arabe Tebboune charge le premier ministre de le représenter

Tomber de rideau sur le 31e sommet de la ligue des Etats arabes après deux jours de conciliabules et de plénières qui ont remis sur les rails l’action arabe commune, notamment l’engagement pour le soutien à la cause palestinienne qui a retrouvé sa centralité et le règlement des crises qui secouent nombre de ses pays membres.

Un conclave arabe qui fera date à bien des égards, non seulement pour ses aspects organisationnels et logistiques, et duquel on retiendra longtemps le niveau de représentation la plus importante de tous les sommets arabes depuis 1945 – ce qui n’est pas une sinécure dans un contexte international difficile marqué par la polarisation et les crises multiples qui secouent presque la moitié des pays arabes.

Eu égard aussi aux résolutions qui y avaient été adoptées, le sommet de «lem echeml» (réunification) arabe a donc atteint ses objectifs fondamentaux, puisque le consensus a été atteint sur toutes les questions – ô combien complexes – qui ont été discutées. Au niveau des ambassadeurs, des ministres ou des chefs d’Etat, les discussions ont fini par lever toutes les réserves sur le sommet d’Alger. Résultat : «Les Arabes sont sortis plus forts» de ce sommet.

Nouveau départ

Et il n’y a qu’à entendre le président Tebboune en parler pour se convaincre qu’un «nouveau départ» de l’organisation de la ligue arabe a été amorcé, après 3 ans de léthargie due certes à la pandémie de Covid-19 mais aussi à des divergences profondes autour de la question fondamentale, à savoir la Palestine.

Il aura fallu le sommet d’Alger, tenu sous la direction du président Tebboune, pour remobiliser les 22 pays membres sur ce qui les unit et donner une nouvelle impulsion à l’action commune. Il s’est agi, ce faisant, de consacrer la centralité de la cause inaliénable du peuple palestinien et de réitérer l’adhésion à l’initiative de paix arabe de 2002, portant sur l’équation de «paix contre la terre» avec l’entité sioniste, au lieu de la «paix contre paix».

Lire aussi : Réforme de la ligue arabe : La nouvelle initiative d’Alger

Un plan dont la relance risque fort de mettre un frein à la cascade de normalisations des pays arabes. Raison de plus qu’il vient s’imbriquer au non moins important engagement des pays de la ligue arabe à soutenir la demande palestinienne d’acquérir le statut de membre permanent de l’ONU, à l’exigence de la levée du blocus israélien imposé à la bande de Ghaza ainsi qu’à tous les territoires arabes, y compris le Golan syrien, en condamnant l’usage de la force par la puissance occupante contre les Palestiniens, et toutes les pratiques barbares, y compris les assassinats et les arrestations arbitraires, et exigeant la libération de tous les prisonniers et détenus.

Les dirigeants se félicitent de l’initiative de Tebboune

La déclaration d’Alger issue du sommet arabe a aussi salué les efforts de l’Algérie pour parvenir à la réconciliation palestinienne et a appelé à la nécessité d’unifier les efforts des pays arabes pour accélérer la réalisation de ce noble objectif. Les dirigeants des pays arabes se félicitent, pour autant, de l’initiative du président Tebboune de choisir «la réunification» comme titre du sommet.

Ils y soulignent également leur engagement à avancer dans la voie du renforcement et de la modernisation de l’action arabe commune, en «appréciant les propositions constructives présentées par le président Abdelmadjid Tebboune, visant à activer le rôle de la ligue des États arabes dans la prévention et le règlement des conflits, à consolider la dimension populaire et à renforcer la position des jeunes et des innovations dans l’action arabe commune».

Egalement, les dirigeants des pays arabes ont convenu de renforcer l’action commune pour protéger leur sécurité et à contribuer à mettre fin aux crises que connaissent certains pays arabes. Ils ont convenu aussi du rejet de l’ingérence étrangère sous toutes ses formes dans les affaires intérieures des pays arabes, en renforçant le rôle de la ligue des États arabes dans la prévention et le règlement des crises par des moyens pacifiques, et en œuvrant pour le renforcement des relations arabes.

La déclaration d’Alger réitère l’engagement à redoubler d’efforts pour matérialiser le projet d’intégration économique arabe, et le renforcement des capacités collectives arabes aux défis posés notamment le terrorisme, l’adhésion aux principes de non-alignement et à la position arabe commune sur la guerre en Ukraine, et convient de valoriser la politique équilibrée menée par l’alliance «OPEP +».

Amar R.