Par Mohamed Medjahdi
Nul ne peut nier que Tlemcen était la capitale régionale aux époques almoravide et almohade, puis capitale du Maghreb central à l’époque Zianide. Elle a abrité pendant ses années glorieuses de nombreux saints et savants. L’une de ses madrasas les plus célèbres, la Tachfiniya, dont le rayonnement culturel s’était propagé jusqu’à l’Orient et l’Andalousie, fut le siège d’un enseignement aussi intense que plurivalent ; on y enseignait toutes les sciences connues en ce temps et on y accueillait des étudiants venus de toutes parts. Sur la direction avisée du Sultan, l’on y dispensait un enseignement basé essentiellement sur une tolérance intelligente et franche ; cette ouverture d’esprit permettait ainsi l’avènement de nouvelles méthodes d’éducation qui ont produit cette profusion savante qui versa souvent dans l’érudition et porta ses fruits à l’humanité entière.
Citons également la Tachfiniya, de par la richesse de son enseignement et la beauté de son architecture, dépassait toute imagination. Cheikh El Thénessy rapporte ainsi dans sa description de cette université que « Tous ceux qui pénétraient en ce lieu étaient émerveillés par la beauté de son éclat ». La Madrassa Tachfiniya fut détruite par les français en 1873, pour satisfaire au projet d’alignement du paysage urbain colonial après que ses démolisseurs en aient fait des relevés. On retrouve d’ailleurs un tracé mis au point par l’officier français Slomens, expert en génie civil, avec la collaboration de l’architecte Duthoit, qui délimite parfaitement les dimensions et formes architecturales distinguant cette école. A son emplacement fut édifiée la mairie. Une place publique a été érigée, ensuite, sur les mêmes lieux, détruisant des repères architecturaux, n’épargnant que certains ouvrages historiques qui continuent de perpétuer la Tachfiniya.
Quant à « Dar El Moudjâdala », c’était un autre haut lieu de la science. Située sur la colline d’El Koudya, c’était un centre de savoir mais surtout un observatoire astronomique qui permettait aux initiés de suivre et d’observer le mouvement des astres.La littérature médiévale fait référence à de nombreuses œuvres produites à Tlemcen (sur la demi-dizaine de siècles qui s’étend de l’avènement de l’empire almoravide XI e siècle à la chute du sultanat zianide fin du XVI e siècle). Cette littérature se compose autant d’œuvres religieuses que séculières, et constitue un champ d’étude riche et complexe. Elle révèle l’existence de nombreuses formes qui contiennent en germe tous les genres littéraires et scientifiques modernes.