La route transsaharienne achevé à 90% : une dimension stratégique et une Algérie en dynamique

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CLRT transsaharienne Algérie

Né au début des années 1960, le projet de la route transsaharienne qui relie 06 pays africains (Algérie, Tunisie, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Tchad), est entrée dans la phase finale de son achèvement.

Selon les chiffres avancés par M. Mohamed Ayadi, SG du comité de liaison de la transsaharienne (CLRT), plus de 25.000 km d’un total de 27.940 km sont déjà réalisés notamment par l’Algérie, la Tunisie, le Niger et le Nigeria.  Les parties du Mali du Tchad (2870 km) sont toujours inachevées.

Dans un entretien accordé au site arabnews.fr, M. Ayadi confie que le retard est dû aux effets de l’instabilité politique dans certains pays du Sahel, en particulier la guerre au Mali, et les menaces des groupes terroristes dans le Grand Sahara. 

« La route transsaharienne (RTS), toujours inachevée dans ses parties malienne et tchadienne, doit traverser l’Algérie (3 400 km), la Tunisie (900 km), le Mali (1 974 km), le Niger (1 635 km), le Tchad (900 km) et le Nigeria (1 131 km). Elle relie déjà deux capitales maghrébines, Alger et Tunis, et elle doit relier à terme quatre capitales subsahariennes : Bamako, Niamey, N’Djamena et Lagos.

Les travaux ont souvent été freinés, du fait de plusieurs facteurs, notamment le manque de moyens financiers et d’autres facteurs d’instabilité politique dans certains pays du Sahel », a expliqué M. Ayadi.

D’après ce dernier, la route transsaharienne est déjà là, puisque la majorité des traçons sont déjà opérationnels : « Il faut attirer l’attention sur ce qui a été réalisé plutôt que d’évoquer les retards.La Tunisie et le Nigeria ont achevé leurs portions, ainsi que l’Algérie, alors que le Mali, le Niger et le Tchad ont recours à des institutions financières internationales dans l’espoir d’achever ce qui reste du projet », a-t-il ajouté.  

Un taux d’avancement de plus de 90%

Pour l’achèvement des deux tronçons restant, M. Ayadi s’est montré optimiste, surtout en raison du changement de cap et de la nouvelle stratégique économique adoptée par ces pays africains, particulièrement l’Algérie : « ce mégaprojet qui vient accompagner la volonté des États d’augmenter le volume des échanges intra-africains, qui demeure faible (3 %), au moment où l’accord concernant la création de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est entré en vigueur et où l’Algérie, soucieuse de changer de modèle dans son approche du développement économique, donne les signaux d’une plus grande ouverture vers le continent», souligne-t-il.

Le secrétaire général du CLRT indique qu’en tant qu’infrastructure économique, «la RTS est mûre pour la concrétisation des objectifs de ce projet, soit l’accélération, le renforcement et la consolidation des échanges commerciaux entre les pays membres pour une plus grande intégration régionale ». Mohamed Ayadi précise également que le taux d’avancement est de plus de 90 %, et il explique que les 6 pays membres représentent 27 % du produit intérieur brut (PIB) du continent et 25 % de sa population. Voilà ce qui doit être mis en avant selon lui, qui rappelle que la RTS « avait été initialement conçue pour renforcer les échanges économiques entre les pays du Maghreb et du Sahel.

« La route de la soie du continent »

Par ailleurs, M. Ayadi a appelé à la création d’une instance de promotion des échanges commerciaux entre les pays membres.  

« Les approches économiques en matière de gestion des infrastructures routières et de transport en général mettent en avant le système dit de corridors de commerce et transport.  D’un point de vue économique, la fonction d’un corridor est de promouvoir le commerce intérieur et extérieur en fournissant des services de transport et de logistique plus efficaces, et de soutenir la connectivité et le développement économique le long des voies», explique M. Ayadi et d’ajouter: «Ces corridors permettent aux régions et aux pays membres d’offrir des systèmes et des services de transport de grande capacité qui réduisent le temps de transport, ainsi que les coûts commerciaux et de transport en créant des économies d’échelle» 

« Une étude de faisabilité montrait que les opérateurs du nord du Niger et du nord du Mali, qui feraient passer leurs marchandises par la RTS depuis les ports méditerranéens plutôt que par le golfe de Guinée, feraient l’économie de onze jours », indique-t-il. Ensemble, le Nigeria et l’Algérie représentent 77 % de la population totale et 88 % du PIB total des pays du corridor RTS.

Mohamed Ayadi souligne que tout projet visant à faire évoluer les corridors routiers de la RTS vers un corridor économique et à moderniser les postes frontaliers devrait se concentrer sur le commerce et l’intégration adéquate de la population locale bénéficiant des activités connexes dans le développement économique régional prépondérant. C’est le propre de la RTS qui pourrait dans l’avenir constituer ‘’la route de la soie du continent’’, espère le secrétaire général du CLRT.