Par Amar R.
L’année prochaine verra la mise en œuvre d’une politique visant à rendre le prix de la viande à la portée des citoyens, a révélé récemment le président de la République dans le cadre de son engagement, durant son second mandat, à poursuivre la politique sociale de l’Etat qui consiste à la prise en charge des besoins essentiels des citoyens, la lutte contre l’inflation et la préservation du pouvoir d’achat des Algériens. Cependant, dans l’attente de la mise en œuvre de cette mesure, «l’importation de viande reste ouverte et ne s’arrêtera pas», a assuré Abdelmadjid Tebboune, lors de sa dernière entrevue avec des représentants des médias nationaux, soutenant que «l’Algérie est un Etat social et le restera», dans le cadre d’une politique globale visant à «préserver la dignité des citoyens».
L’importation comme palliatif
L’Algérie importe, en effet, en moyenne 103 889 têtes de bétail par an, y compris des animaux reproducteurs, des bovins d’engraissement et des bovins de boucherie, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé animale. Aussi, dans le cadre des efforts du gouvernement pour assurer cette denrée essentielle à des prix raisonnables, prévenir les pénuries et juguler l’augmentation des prix, l’Algérie a inondé le marché national durant les derniers mois en viandes d’importation fraîches ou congelées, en provenance du Brésil ou d’Espagne à des prix variant de 850 DA à 1200 DA/kg. Ce programme d’importation de viande se poursuivra jusqu’à mars 2025. Ces quantités massives de bœuf et d’agneau sont importées, certes, pour faire face à la cherté des prix des viandes locales, mais aussi pour réguler un marché volatil hors de contrôle de l’Etat, et qui reste aux mains des différents intervenants qui se rejettent la balle. Alors que les bouchers pointent du doigt les éleveurs, ces derniers, qui évoquent les problèmes de la sécheresse et de la hausse des prix des aliments pour bétail, accusent les intermédiaires de moduler les prix à leur guise.
«Les intermédiaires font la loi»
Djelloul Azaoui, le président de la Fédération nationale des éleveurs (FNE), à qui nous avons posé la problématique de la disponibilité des viandes sur le marché national en rapport avec les prix élevés, a affirmé que «cette question est complexe». Pour le président de la FNE, «il ne s’agit pas d’un problème de production, mais de multiplication des intermédiaires». Selon lui, «les intermédiaires font la loi dans le marché de la viande, et ne se contentent plus de marges bénéficiaires raisonnables», alors que «les éleveurs ne sont aucunement responsables de cette situation, puisque leur mission consiste à produire le cheptel destiné à l’abattage en quantités suffisantes».
Le président de la Fédération nationale des éleveurs prédit que l’année prochaine s’annonce sous de bons auspices en raison de la bonne pluviométrie qui sera bénéfique pour l’agriculture, ce qui contribuera à la réduction du coût de l’élevage, arguant que l’élevage des cheptels dépend aussi de la disponibilité du fourrage et de l’aliment du bétail. Il a, en revanche, fait état d’une bonne disponibilité de l’aliment de bétail grâce aux efforts de l’Etat, notamment les programmes d’intervention lancés sur instruction du président de la République.
La production nationale à la rescousse
Pour y remédier, le candidat indépendant Tebboune avait, lors de la campagne électorale pour la présidentielle de 2024, annoncé des mesures pour régler le problème de la cherté des viandes rouges et blanches, indiquant que le prochain mandat va mettre fin à la problématique de l’aliment de bétail. «La sécurité alimentaire et sanitaire seront prises en charge durant le prochain mandat», avait-il martelé. Le chef de l’Etat a rappelé que l’objectif est de passer à 3 millions d’hectares de terres irriguées, et par là même résoudre le problème de l’aliment de bétail à l’origine de l’augmentation des prix des viandes rouges et blanches. En juillet dernier aussi, lors d’une réunion du Conseil des ministres qu’il a présidée, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a aussi ordonné la mise en place d’une stratégie nationale pour arriver à l’autosuffisance dans les récoltes de maïs, d’orge et de blé dur. Le président de la République a également ordonné «l’orientation des minoteries à l’arrêt vers l’activité dans le domaine de l’alimentation du bétail à travers l’exploitation de nos capacités dans la production du maïs, ce qui aura un impact positif sur la richesse animale et notamment la production des viandes», avait-il ajouté.